L'expert pétrolier Nicolas Sarkis, également directeur d'Arab Petroleum Research Center (APRC) de Paris, revient dans un entretien accordé à l'APS sur l'actuel effondrement des cours de brut, et le rôle de l'Opep dans la stabilité des prix, estimant qu'un “baril autour de 100-110 dollars est un minimum que doivent préserver les pays membres de cette organisation”. Sur les répercussions de la crise financière sur les prix de brut à moyen et à long terme, il a souligné qu'elle a tout naturellement commencé à contaminer l'économie réelle qui entre en récession, c'est-à-dire qu'elle dégage des taux négatifs de croissance dans certains pays, ou elle donne des signes plus ou moins importants de ralentissement dans d'autres pays comme la Chine. “Tout ceci a un impact direct sur la demande pétrolière dont l'accroissement pourrait se limiter à une moyenne mondiale de 0,5 à 0,7% en 2008 et 2009, contre 1,5 à 2% au cours des cinq dernières années. Cette baisse des besoins de consommation a été l'un des principaux facteurs qui ont conduit à l'effondrement des prix qui ont été divisés par deux en trois mois en chutant d'un record de 147,27 dollars le baril le 11 juillet dernier à près de 72 dollars actuellement pour ce qui est du WTI américain sur le Nymex. Un autre facteur important a été l'inversion des anticipations avec une spéculation qui a joué dernièrement dans le sens de la baisse et non plus de la hausse des prix”, a-t-il ajouté. Sur la capacité de l'Opep à freiner la chute des prix du pétrole, il a répondu que l'Opep est évidemment la mieux placée pour stopper la baisse des prix et les pousser à nouveau vers 100-110 dollars le baril. “La condition à cela est évidemment une réduction des exportations et l'envoi, dans ce sens, d'un signal suffisamment fort au marché. Compte tenu de la révision à la baisse des besoins, une réduction de la production Opep de quelque 2 millions de barils/jour de pétrole brut s'impose”, dira-t-il. Synthèse R. E.