Alors que la réunion cruciale de l'OPEP s'ouvrira, demain à Oran, avec, en perspective, une réduction importante de la production, les experts parlent déjà du chiffre de 2 millions de barils à réduire. Pour l'expert Nicolas Sarkis, le directeur d'Arab Petroleum Research Center, «l'OPEP peut changer complètement la donne en réduisant sa production d'une manière substantielle, soit d'au moins 2 millions de barils/jour». Cette réduction interviendrait dans «un contexte caractérisé par une baisse de la demande, une offre largement excédentaire, une forte augmentation des stocks et un effondrement des prix», énumère-t-il. A ses yeux, cette décision pourrait également restituer à l'organisation une partie de son pouvoir, qu'elle a perdu au gré de la crise économique et de la baisse de la demande mondiale en pétrole. Il va sans dire que le chiffre de deux millions de barils/jour a déjà circulé et le ministre iranien du Pétrole a même parlé d'un excédent de 2 millions de barils sur le marché. L'organisation se dirige-t-elle vers une réduction d'une telle quantité ? Attendons la fin de la réunion pour avoir la réponse. Mais, pour le moment, il n'est pas écarté de voir l'organisation opérer un virage décisif dans sa politique, voire même augmenter son influence sur le marché pétrolier en associant ses efforts à un géant comme la Russie. Nicolas Sarkis en a fourni plus de précisions. Selon lui, une coordination de la politique de production et des prix avec la Russie et d'autres exportateurs «faciliterait énormément la tâche de l'OPEP et serait dans l'intérêt de tout le monde». Dans ce sillage, M. Sarkis ne cache nullement que l'organisation doit opter pour un prix plancher du pétrole, oscillant entre 90 et 100 dollars, si elle veut assurer ses investissements et développer ses capacités de production. «Il est dans l'intérêt de tous [consommateurs et producteurs] que les prix du pétrole remontent à 90-100 dollars, au moins pour assurer les investissements requis et développer les capacités de production», a noté M. Sarkis. Il explique qu'«il serait souhaitable et très utile que ce niveau soit fixé comme un prix plancher pour le panier de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole». Selon lui, c'est le niveau de prix qui permettrait de compenser ce déclin naturel de la production des gisements matures, atteignant actuellement un rythme alarmant de 8 à 9% par an, et de faire face également à l'accroissement des besoins de consommation. La réalisation de cet objectif commun, celui de la préservation des niveaux de production de cette énergie épuisable, exige que «le problème des prix ne peut en aucune manière continuer à être considéré comme une question de simple rapport de forces entre les producteurs et les consommateurs», a-t-il dit. S'agissant des dernières mesures décidées par l'OPEP pour freiner la chute des prix, Nicolas Sarkis considère qu'elles étaient nettement insuffisantes. Il précisera sur le même point qu'«il faut actuellement non seulement une baisse substantielle mais aussi une manifestation claire de la détermination des pays exportateurs à faire ce qu'ils disent, et à respecter leurs engagements». S. B.