Après plus de deux mois de débrayage illimité, les avocats de Constantine ont décidé de mettre fin à leur mouvement de protestation. “L'extinction des poursuites judiciaires à l'encontre des 25 avocats prendra effet aujourd'hui”, nous a appris, hier, maître Mustafa Lanouar, bâtonnier de la région de Constantine. Cette décision est intervenue à l'issue d'une réunion tenue en début de semaine, et qui a regroupé le président de la cour de Constantine, les membres du bureau du bâtonnat de la région est du pays, ainsi que le procureur général. Cette rencontre a eu lieu à la faveur de l'intervention du ministère du garde des Sceaux qui a vu en cette initiative la nécessité de débloquer la situation qui prenait des proportions plutôt inquiétantes. En effet, depuis près de deux mois, les avocats de Constantine étaient en débrayage illimité. Ce mouvement de protestation a, rappelons-le, été engagé pour dénoncer le comportement jugé selon les contestataires “inique” du procureur adjoint. Pour cause, ce dernier, à la suite d'une série de plaintes déposées par des citoyens, contre certains avocats, a adressé des convocations de justice aux concernés, sans pour autant en référer, comme stipulé dans la réglementation en vigueur, au bureau du bâtonnat. “Le procureur a outrepassé ses prérogatives, en agissant sans informer le bureau du bâtonnat. Toute relation entre un avocat et son client ou tout ce qui a trait à une faute professionnelle est du ressort du bureau du bâtonnat”, a déclaré, hier, un membre du bureau rencontré au niveau de la cour de Constantine. Mais, la goutte qui a fait déborder le vase reste l'attitude d'un juge qui, en date du 25 octobre, a décidé de faire expulser de la salle d'audience du tribunal de Ziadia, un avocat en faisant intervenir les forces de l'ordre. La décision du juge aurait été motivée, selon des sources proches du dossier, par le fait que l'avocat en question s'est insurgé quant au port de la robe noire par une interprète judiciaire présente à l'audience. Ainsi, depuis le 28 octobre de l'année écoulée, les avocats ont boycotté les audiences de la chambre criminelle de la cour de Constantine et de la chambre correctionnelle près le tribunal de Ziadia, en signe de protestation. Du coup, une soixantaine d'affaires programmées dans la troisième session criminelle ont été reportées faute de présence de défense et ce, depuis plus de deux mois. La réunion de samedi passé a permis aux antagonistes de trouver un terrain d'entente, notamment en ce qui concerne les différents obstacles rencontrés par les avocats, mais le plus important est de remédier à la situation de non-respect qui s'est installée depuis quelques années. Cette sortie de crise a été sanctionnée par l'arrêt immédiat du boycott des audiences, de près de 1 700 avocats. Enfin, le président de la cour s'est engagé à ouvrir les portes du dialogue entre les avocats et les magistrats au profit du citoyen. Betina Souheila