Une crèche pour toutes ces mamans dynamiques ! Inouï et authentique ! C'est l'ultime consigne de "sid el mir" (le maire) du village de Draria à ses honorables assesseurs de la tadjmâat (le conseil) des sages. L'élu, pas misogyne pour un sou, se propose de venir ainsi en aide aux fées de logis du hameau à l'ouest d'exsangues pâturages d'Alger. S'il en est, c'est la réponse du berger à la bergère pour la gent féminin qui a un pied, qui à l'atelier ou au bureau, qui derrière les fourneaux, au crépuscule d'une éreintante journée de travail. Il était temps et cela change agréablement l'existence de ces dames, de l'harassante ritournelle de travaux de voirie et du blues de trottoir. En effet, et pour la postérité, la garderie d'enfants assure aux chérubins la douce phase du passage de la famille vers le cursus scolaire où l'enfant y entrevoit l'existence en collectivité. Là et dans le charivari bon enfant d'une ribambelle de ses congénères, il y développe le sens de la relation avec autrui et déploie sa socialisation dans notre société. Mieux et avec la résolution votée en plénière, la municipalité a fait donc d'une pierre, deux coups, puisqu'elle allégera la mère de famille lestée au petit matin du bébé kangourou et mettre un terme à la rareté de moyens d'accompagnement sociaux qui a concouru a jeté en pâture de braves mères de famille dans les serres d'auto-proclamées baby-sitters et de nounous sans aucune qualification en matière de puériculture. En réalité, et fort du capital sympathie de ces dames, l'autre aubaine est aussi trop belle pour y laisser passer l'opportunité de parachever enfin ce qui reste à réaliser du nouveau siège de la mairie-mère. N'est-ce pas “qu'El-moumen yesbak B'rouhou ?” (charité bien ordonnée commence par soi-même). Donc, c'est subséquemment à l'adage du terroir que la tadjmaât d'élus locaux va s'occuper de la construction de ce qu'il est convenu d'appeler le bâtiment A au titre de la seconde tranche. Ainsi loti et logé à bonne enseigne du slogan de la “baladi”, “Pour et par le peuple”, gageons qu'il se consacrera mieux à la destinée de l'alléchant carrefour de “chououayine” (rôtisseries). En effet, Draria le vaut bien, elle qui a tout donné de sa réserve foncière au tout début des années 1980. Nazim Djebahi