C'est une situation des plus insoutenables et inacceptables que vivent, depuis plus de huit ans, les citoyens de Hassi Delaâ, commune située à quelque 170 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya de Laghouat. En traversant cette ville, l'automobiliste sensibilisé aux questions environnementales est pris d'inquiétude. En effet, les flaques d'eaux usées couvrant de larges surfaces de terrains nus et de la voie publique ont de quoi susciter des interrogations sur le sort de la santé publique. Ajouté à cela, le désastre écologique certain aux conséquences incalculables. Les citoyens de cette localité se plaignent de la dégradation continue de leur cadre de vie en raison des risques de maladies à transmissions hydriques et des odeurs nauséabondes qui envahissent leurs habitations et leurs champs depuis plus de huit ans. En période d'été, l'odeur est tellement forte qu'il arrive à beaucoup d'entre eux de ne pas manger le soir. Ceux qui sont plus proches de ces eaux stagnantes ne peuvent ouvrir les fenêtres ni rester longtemps dehors. Sur quelque 80 puits d'eau d'une profondeur moyenne de 20 m, que compte la commune, seulement 6 sont restés potables, nous confie un sexagénaire. Pis, à ce jour, aucune étude n'a été menée dans cette contrée pour évaluer le degré de pollution atteint.Il n'est pas aisé pour le visiteur non averti de reconnaître la vraie chaussée de la fausse s'il n'est pas guidé par les gens de cette paisible ville. En effet, au moindre mouvement, on est contraint de mettre un pied, parfois les deux, dans les eaux usées qui coulent à flots à l'entrée des habitations et même au milieu de la chaussée infestée de nids-de-poule. Les égouts ont débordé dans la majorité des quartiers et les eaux usées se sont déversées sur la voie publique rendant l'atmosphère irrespirable de jour comme de nuit. Selon les citoyens rencontrés, cette situation dure depuis plusieurs années et ça se complique davantage à chaque hiver. La raison, nous dit-on, est la vétusté du réseau d'assainissement réalisé entre 1985 et 1987. Un réseau de 29 km, de diamètre très réduit (30 cm). Un réseau conçu à l'époque pour une population qui a triplé aujourd'hui, du coup, il ne suffit, malheureusement, plus à contenir les quantités énormes des eaux usées déversées. Dès lors, des odeurs nauséabondes envahissent les quartiers et atteignent les maisons. Des citoyens que nous avons rencontrés ont exprimé leur colère et dénoncé “le laisser-aller des responsables de la commune”, car, disent-ils, ils “n'arrivent plus à vivre dans ces conditions”. Les cités Emir-Abdelkader et Premier-Novembre, ainsi que les quartiers 8-Mai-1945 et Bachir El-Ibrahimi, pour ne citer que ceux-là, souffrent depuis environ huit ans de cet état de fait. Les fuites supplémentaires viennent s'ajouter aux anciennes qui par leur ruissellement souterrain ont déjà endommagé plusieurs murs d'enceinte des habitations et créé des affaissements de terrain pour se déverser, ces derniers années, sur la voie publique et devant les résidences avec tout ce que cela engendre comme maladies à transmission hydrique (MTH). Une situation qui met constamment en danger la vie des habitants de ces quartiers en raison des maladies qu'elle peut engendrer. Vivant isolés dans cette partie du sud du pays, les citoyens lancent un véritable SOS en direction des autorités qui, jusque-là, “n'ont pas bougé le petit doigt”. En attendant la réhabilitation du réseau d'assainissement, les familles continuent à subir cet état de fait en souhaitant voir les pouvoirs publics entreprendre une enquête dont les objectifs seraient d'identifier les dangers et d'évaluer l'impact immédiat sur la santé publique. Parmi les symptômes dont souffrent plusieurs habitants de cette localité, on trouve principalement la leishmaniose, nous confie un père de famille. BOUHAMAM Arezki