Mis à part les quelques étudiantes et étudiants ramenés en renfort d'une cité universitaire pour assister, mardi dernier, à la représentation de la pièce Wohouch.com du Théâtre régional de Béjaïa, la salle de spectacle de la Maison de la culture de Batna était à moitié vide. Le public, qui ne s'y est pas déplacé en masse cette nuit-là, bien que l'entrée était gratuite, n'a pas eu finalement tort, car la pièce Wouhouch.com porte un titre plus éloquent que la représentation elle-même. En fait, Wouhouch.com raconte une affaire de trafic d'organes. Une femme débarque dans la clinique ou l'appartement d'un chirurgien esthéticien, invente une histoire et réussit à être engagée comme infirmière. La nouvelle infirmière engagée découvre que le chirurgien de la clinique et son valet s'adonnent au trafic d'organes humains. L'infirmière, en éveilleur de la conscience, essaie à chaque fois d'intervenir et fait échouer le marché. Par ailleurs, le propos de la pièce tend à exposer les problèmes auxquels fait face la société et la dégradation des valeurs humaines. Le problème aurait pu être exposé d'une autre manière. Même chose pour la mise en scène. Les répliques, le dialogue, le décor et les costumes révèlent beaucoup d'insuffisances à pallier, beaucoup de contradictions à corriger. Au lieu de proposer de véritables solutions aux problèmes exposés, le personnage Meriem, l'infirmière, a abusé de la morale. L'acteur qui a joué le chirurgien, mal inspiré certainement, ne collait pas à la peau du personnage. Le texte de la pièce est puisé dans un style très relâché. Le découpage de la pièce est aussi sujet à critiques au niveau de l'acte et des scènes. La pièce Wouhouch.com s'est fixée un seul aspect, lié intimement au rire, celui de détendre et de divertir le public en négligeant les deux autres fonctions : la réflexion et la dénonciation. Les aspects comiques utilisés ne sont pas au service d'une réflexion plus profonde pour dénoncer le ridicule des mœurs d'une société. Certaines expressions qui agrémentent le texte sont bien grossières, voire même vulgaires. Par une écoute plus attentive, on ne décèle pas d'antiphrases, des idées trop absurdes pour être vraies, de l'ironie pour faire accepter au spectateur des faits qui sont ensuite contredits par son bon sens et sa raison. Même la bienséance a manqué cette nuit. Certaines expressions sont de véritables grossièretés. Les aspects comiques présents dans la pièce de théâtre pour dénoncer et caricaturer le ridicule de notre société méritent une autre perfection plus subtile qui doit interpeller le spectateur. En guise de conclusion, les aspects comiques contenus dans Wouhouch.com, selon l'avis de certains hommes de théâtre qui ont assisté à la pièce, n'ont pas cette double fonction de déclencher le rire, une émotion bien évidemment, et de railler, de porter l'attention sur les mœurs, les caractères ridicules. Ne dit-on pas que pour qu'il y ait théâtre, il suffit d'avoir un lieu, un temps, un acte et un public… B. Boumaïla