“Selon un rapport publié par l'Association professionnelle des banques et établissements financiers, pas moins de 2 500 cadres bancaires du secteur public sont passés au secteur privé depuis 2001, motivés par un meilleur salaire”, relève le cabinet londonien Oxford Business Group (OBG) dans son dernier briefing sur la réforme bancaire en Algérie. OBG estime que si, au chapitre des dépôts, le bilan est positif, les banques publiques s'avèrent moins performantes quand il s'agit de retenir leur personnel. “Afin d'enrayer leur fuite, le gouvernement a octroyé une augmentation de salaires, pouvant atteindre les 30%, selon l'importance de la fonction. Ces augmentations, qui sont entrées en vigueur au mois de juin, ont touché environ 23 000 salariés du secteur financier public”, souligne le document. Oxford Business Group indique que “le système bancaire semble avoir évité le pire de la crise économique mondiale, ayant peu d'actifs toxiques et un faible volume d'activité à l'étranger”, précisant que “la réforme du secteur bancaire en Algérie est un processus de longue haleine, qui pourrait reprendre du poil de la bête à l'approche de l'élection présidentielle”. Le cabinet londonien constate que le repli des marchés internationaux a entraîné un ralentissement du processus de réforme. OBG rappelle que l'un des piliers fondamentaux de la réforme était la privatisation de certaines banques publiques, à commencer par le Crédit populaire d'Algérie (CPA), “dont la cession était prévue pour début 2008”. Après avoir reçu l'expression d'intérêt de la part d'un certain nombre de banques étrangères, le gouvernement a annoncé que la privatisation du CPA était indéfiniment suspendue en raison de l'inquiétude suscitée par l'ampleur de la crise financière mondiale. Les autorités ont déclaré que les conditions n'étaient pas propices à la cession, à l'issue de laquelle l'Etat entend se procurer quelque 1,5 milliard de dollars. OBG cite un rapport publié par la Gulf Investment House en décembre 2008, qui indique que “les banques appartenant à l'Etat détiennent 95% du total des actifs du secteur”, expliquant que “cette situation est essentiellement due à un décret gouvernemental de 2004 qui oblige les entités du secteur public à travailler exclusivement avec les banques publiques, ce qui limite les dépôts effectués dans les banques privées”. Le document d'OBG indique que la nécessité de refonte du système bancaire a été mise en exergue dans le dernier rapport de l'institut américain Fondation Heritage portant sur les libertés économiques. Selon l'Index of Economic Freedom, publié le 13 janvier, l'économie algérienne est classée 107e sur un total de 179 pays recensés et 14e parmi les 17 pays du Moyen-Orient et de d'Afrique du Nord, avec un score de 56,6 points sur 100. Néanmoins, si elle affiche de bons résultats dans certaines catégories, comme la liberté des affaires, l'Algérie enregistre son plus mauvais score en matière de liberté financière, pour laquelle elle est près de 20 points en dessous de la moyenne mondiale. Le rapport qualifie la réforme bancaire en Algérie comme étant “lente et irrégulière” et indique que “la réforme est essentielle si l'allocation des ressources et le développement du secteur privé sont à améliorer”. OBG estime que l'Algérie “devra persévérer dans sa réforme du secteur bancaire, en particulier en ce qui concerne la privatisation des banques appartenant à l'Etat, une étape qui aboutirait à un retour des fonds publics vers le privé”. M. R.