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“L'Etat nous a oubliés”
Les sinistrés de Bordj-Ménaïel dénoncent
Publié dans Liberté le 01 - 07 - 2003

Cinq semaines après le terrible séisme du 21mai, les familles s'insurgent contre un traitement à deux vitesses.
Une chaleur étouffante plane sur le camp OMS de Bordj-Ménaïel. Il est ainsi baptisé en raison de sa proximité avec la salle omnisports de la ville.
Plus de 60 tentes sont érigées sur un ancien terrain de football. Ce camp de toile abrite plus de 60 familles, soit quelque quatre cents personnes. Des rescapés de la cité des HLM Oasis, presque entièrement détruite par le tremblement de terre du 21 mai. 13 heures. Le soleil est déjà au zénith en ce vendredi 27 juin.
“Aujourd'hui, il fait relativement froid”, lâche, un tantinet ironique, Mohamed Mokhtari, un sinistré qui a perdu ses parents et ses deux sœurs dans cette tragédie. Il est vrai que le thermomètre affiche 35 degrés, une température clémente comparée à celles de ces derniers jours où la barre des 40 degrés a été franchie. Dans les tentes, la vie est devenue insupportable depuis l'arrivée des grandes chaleurs.
Du coup, dès le lever du jour, beaucoup fuient ces abris de fortune. Ils n'y reviennent qu'à la tombée de la nuit. “On dort à 1 heure et on se réveille à 5 heures”, avoue Mohamed. Dès qu'il y a un orage, c'est la panique. Les tentes ne sont pas imperméables à la pluie. Le danger est accentué par la présence de branchements électriques à l'intérieur. “Quand tu te réveilles le matin et tu vois le décor autour de toi, tu te rappelles que tu es sinistré”, lâche en soupirant un habitant du camp.
Les journées se succèdent et se ressemblent. Ce sont les femmes qui souffrent le plus de cette situation. Depuis l'installation des sinistrés dans ce camp, leur quotidien est réduit à de rares tâches ménagères. “On a l'impression que les sinistrés de Bordj-Ménaïel ont été oubliés”, accuse Mohamed Mokhtari. Il en veut pour preuve cette ligne jaune tracée après le séisme sur l'autoroute pour délimiter une bande de passage d'urgence pour les véhicules de secours et qui s'arrête à Thénia. Les sinistrés de ce camp dénoncent l'état de solitude dans lequel ils se trouvent. “Aucun officiel n'est venu ici depuis 15 jours”, affirme Hamid Sid Rouhou, architecte et frère de l'ancien gardien de l'équipe de football de la ville, qui considère ce camp comme une “prison”. “On nous ramène le déjeuner à 14 heures. Il est constitué souvent de lentilles, un plat d'hiver que personne ne peut avaler en cette période de chaleur”, s'insurge-t-il Et d'ajouter : “Le retard est acceptable, mais pas la mauvaise qualité du menu.” Hamraoui Mohamed, un autre sinistré, abonde dans le même sens.
Il dénonce la politique des deux poids, deux mesures dans la prise en charge des sinistrés. “Ceux de Boumerdès ont droit à de repas variés et servis dans des plateaux protégés dans du papier cellophane ; ici la bouffe arrive dans de grosses marmites et on est servi comme des prisonniers”, dit-il. Mohamed avoue avoir du mal à comprendre pourquoi les autorités font montre de peu de considération à l'égard des sinistrés de cette ville. “Même nos morts sont comptabilisés ailleurs, mon neveu a été inscrit dans la liste des victimes de la ville de Dellys”, affirme-t-il. Certains croient trouver une explication dans l'attitude de la population à l'égard du ministre de l'intérieur lors de sa visite après le séisme.
Alors que Yazid Zerhouni était en train de discuter avec la population, il avait été pris à partie par un groupe de jeunes. Que s'était-il passé exactement ? Qu'est-ce qui avait soulevé la colère de ces jeunes ? Personne dans le camp n'a été en mesure de rapporter une version fidèle de cet incident. Peut-être que le ministre a prononcé un mot qui a été mal interprété, mettant ainsi le feu aux poudres, affirme l'une des victimes du tremblement de terre. Hamid Sid Rouhou affirme avoir été de ceux qui ont discuté avec M. Zerhouni. “Je lui ai dis : prouvez- nous qu'il y a un état et il m'a répondu : N'aies pas peur mon fils”, raconte-t-il. Depuis, la ville de Bordj-Ménaïel est tombée dans l'oubli.
Ses sinistrés ont surtout peur que cette situation d'attente s'éternise. La promesse faite par les autorités de faire reloger les sinistrés dans des chalets procure un peu d'espoir. L'avenir est fait de beaucoup d'appréhensions. “Je suis convaincu que si Bouteflika tient son engagement, tout le monde va oublier le 21 mai une fois l'hiver passé”, craint Mohamed Hamrioui.
Les sinistrés de ce camp avouent avoir peur et ne pas faire confiance à l'administration, surtout qu'ils ne sont pas consultés dans la prise de décisions. Comme pour le choix du site où devraient être construits leurs logements.
La majorité souhaite que ces nouvelles constructions soient érigées sur le même site qui abritait leur cité détruite par le séisme. Le wali-délégué leur a promis de procéder à une délibération pour régler ce problème. En attendant, les sinistrés se débrouillent comme ils peuvent pour rendre la vie supportable. Tout récemment, ils ont installé une tente “pédagogique” pour les enfants, dont 35 orphelins. Elle a été équipée grâce à des dons de particuliers ainsi que ceux d'organismes publics ou privés. Les enfants disposent de jouets, d'un téléviseur et d'un magnétoscope. Les deux administrateurs tentent, tant bien que mal, d'apporter leur contribution. Ils font régulièrement un inventaire des besoins des sinistrés pour les transmettre à leur hiérarchie.
Du reste, dans ce camp, l'entente entre eux et les délégués désignés par les sinistrés semble parfaite, même si certains ont du mal à admettre que l'état ait nommé des administrateurs étrangers à la région pour gérer les conséquences du séisme. “Heureusement que l'état a nommé des responsables qui ne sont pas d'ici, ils ont un regard exogène sur la situation et peuvent être plus objectifs dans la perception des problèmes”, estime pour sa part le Dr Ameur Soltane, un chirurgien de l'hôpital Mustapha, originaire de la ville, qui se déplace presque quotidiennement à Bordj-Ménaïel pour apporter son aide aux sinistrés.
R. B.


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