Pour la prochaine rentrée des classes, on pourrait suggérer au ministre Benbouzid une autre expression, un séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter. C'est ce qui est attendu en tout cas à Oran, notamment pour le cycle moyen, de l'avis même de nombre d'enseignants. Qui ne se souvient pas de l'expression, déjà gravissime, du ministre de l'Education nationale qui pour évoquer la rentrée scolaire 2008/2009 avait parlé de “tsunami”, oubliant qu'en pareil cas, il faut donc s'attendre à des dégâts et à des pertes, en l'occurrence des générations d'élèves. En effet, compte tenu des résultats de la sixième et du BEF, le cycle moyen va littéralement exploser sous la pression du nombre d'élèves attendus en première et en deuxième années. La direction de l'éducation de la wilaya a déjà annoncé il y a plusieurs semaines que les prévisions du nombre d'élèves par classe oscillera au mieux entre 43 et 44. Cela étant, des prévisions moyennes, c'est-à-dire que dans des établissements, les enseignants auront face à eux 50 élèves au moins. Un chiffre qui va être plus élevé et généralisé à la majorité des établissements de la ville, au vu des informations dont nus disposons. En effet, des enseignants de première année moyenne nous signalent que sur 14 classes, par exemple, de première année pour ce cycle, ce sont 50% de ces élèves qui vont redoubler. “Les dégâts sont ahurissants, la plupart des enfants issus de cette fameuse cohorte du tsunami, c'est-à-dire les 5e année du primaire de la réforme et la dernière année de l'ex-6e, n'avaient aucun niveau… Certains élèves avaient tout juste 4 de moyenne durant leur dernière année primaire et ont les a fait passer. Nombre d'entre eux ne maîtrisaient même pas la lecture et l'écriture… résultat aujourd'hui : ils vont devoir en majorité redoubler.” Une autre enseignante fait également le même constat : “Dans notre CEM, ils sont en train de voir si l'on peut malgré tout faire le rachat jusqu'à 9 pour faire passer le maximum d'élèves en 2e année moyen et malgré cela ils ne vont pas s'en sortir.” Exit les notions d'éthique et de normes pédagogiques, il ne s'agit désormais plus qu'une question d'opération de calcul “addition et soustraction” pour l'éducation. Un état des lieux qui ne sera pas sauvé par les opérations de réception en toute hâte de nouvelles classes pour le cycle moyen comme on peut en juger, selon toujours les données de la direction de l'éducation de la wilaya d'Oran. Ainsi, sur 100 classes programmées, 81 devraient être réceptionnées pour la rentrée, sur 11 établissements programmés et inscrits, seulement 5 seront aussi réceptionnés alors que la majorité des inscriptions de ces établissements remontent à plusieurs années. En plus de cela, aucun laboratoire sur les 20 inscrits pour le cycle moyen ne pourra être réceptionné cette rentrée 2009/2010, de même pour les salles de sports, sur les 11 prévues aucune ne sera réceptionnée et quant à la demi-pension prévue dans certains établissements, 4 seulement seront prêts à temps. D'ici septembre 2009, il ne faut pas s'attendre à un miracle et de plus en plus de parents d'élèves protestent et revendiquent des mesures d'urgence à la hauteur de la situation dramatique. “Ils sont en train de massacrer nos enfants, ils hypothèquent leur avenir et celui du pays entier. Il faut une décision politique forte pour tenter de sauve l'avenir de nos enfants ! Il faut retirer les apprentis sorciers de l'éducation nationale et mettre fin à cette mascarade, cette gestion du nombre sans plus”, nous dit un parent d'élèves bien au fait de la situation puisqu'il est enseignant universitaire.