Le cabinet d'études Ecotechnics estime, dans un article publié sur son site Internet (conjoncture-dz.com) que le niveau atteint par les importations amène à se poser la question de sa soutenabilité. “Même si les réserves de change actuelles sont très élevées, 143 milliards de dollars à fin 2008, soit plus de trois années d'importations du niveau de 2008, on ne peut manquer de s'interroger sur la viabilité d'une telle configuration de la balance commerciale algérienne à moyen terme”, souligne Ecotechnics. Le cabinet que dirige M. Ighilahriz explique que les importations tant de marchandises que de services sont sans doute gonflées par les importations liées au volume important des équipements publics. “Le rythme des investissements publics ne devrait pas baisser au prochain quinquennat comme l'indique le chiffre avancé de 150 milliards de dollars, soit près de 30 milliards de dollars en moyenne par an, d'investissement public”, rappelle-t-il. Ce rythme annuel correspond, indique-t-il à titre d'illustration, aux crédits de paiement pour investissements prévus à la loi des finances de 2009 (2 100 milliards de DA). “C'est pour l'après-2013 qu'il convient de s'interroger sur le niveau de l'investissement public : de nombreux gros chantiers seront achevés à ce moment-là : autoroute Est-Ouest, métro, de nombreuses lignes de chemin de fer ou de tramway, d'importants barrages, le gros des infrastructures scolaires et universitaires, des établissements hospitaliers…”, lit-on dans le document. Le cabinet d'études Ecotechnics estime que la politique d'équipement public sera sans doute soumise “auparavant à des choix importants notamment par rapport aux différentes options d'aménagement du territoire, en particulier l'option de développement des Hauts-Plateaux (infrastructures routières et ferroviaires, ouvrage de transferts d'eau, infrastructures urbaines…)”. Si de telles options devaient être définitivement adoptées, il faudra, soutient Ecotechnics, s'attendre au maintien de dépenses publiques élevées durant au moins une dizaine d'années. Par ailleurs, dans la mesure où le niveau d'activité d'ensemble est largement déterminé par la demande publique, le maintien de cette demande devrait maintenir les importations à un niveau élevé. “Pour les cinq prochaines années, elles devraient se situer au moins au niveau atteint en 2008”, prévoit Ecotechnics. “Il semble donc clair que l'Algérie continuera à avoir un niveau d'importations élevé. À moyen terme, ceci ne semble pas fortement risqué. Sauf situation de dépression majeure et durable de l'économie mondiale qui pourrait faire baisser les prix pétroliers, les prévisions d'évolution de ces derniers sont plutôt à la hausse et pourraient revenir aux niveaux du 1er semestre 2008 d'ici quelques années. Entre-temps les réserves de changes assurent le financement d'un déficit éventuel de la balance des paiements ; déficit qui du reste ne pourrait épuiser les réserves que sur de nombreuses années”, souligne le cabinet de M. Ighilahriz, précisant que “pour un terme plus lointain se profile une question majeure qui est la gestion des réserves en hydrocarbures”. “Au fur à mesure que ces réserves baissent et que les perspectives de prix pétroliers sont fortement haussières, l'arbitrage en faveur du maintien le plus tardif du volume le plus important de réserves pourrait apparaître comme une solution judicieuse”, suggère-t-il. Ceci ne pourra s'appliquer toutefois que si entre-temps aura émergé une solide économie hors hydrocarbures et un secteur énergétique local qui se sera affranchi dans une proportion importante des hydrocarbures. “Si cela ne se fait pas, il est probable que d'ici deux décennies, un peu plus ou un peu moins, l'Algérie pourrait être dans une situation délicate. C'est précisément maintenant qu'il faut agir pour l'éviter”, avertit le cabinet d'études Ecotechnics. Meziane Rabhi