Un an, déjà, depuis la disparition du poète ! Né le 13 mars 1941 à Al-Birwah en Galilée et mort le 9 août 2008 à Houston... Mahmoud Darwish. Palestine était son atelier, l'atelier du verbe. Son poème, forgé de mots ou de papillons, fut un ensemble des petits “bouts des vies”, des vies mutilées, des rêves crevés et des sourires assassinés. Des poèmes auxquels s'enchevêtrent la vie du poète et celle des petites gens. Mahmoud Darwish, artisan de la langue et de la patrie. Appontement entre la femme et Palestine où la langue devient une toile ou une étoile. Enfant il a marché “dans” le miroir de son village appelé Al-Birwa en Galilée et sur ses cahiers d'écolier, il écrit son premier poème révélateur “mon frère l'hébreu”. Depuis, avec grand courage, il est resté l'apôtre de la paix et de la justice. Il disait :“Israël a peur de la paix. La paix fait peur à Israël.” Depuis Des oiseaux sans ailes, son premier recueil (1960), jusqu'au dernier Je ne veux pas à ce poème qu'il s'achève (2009) Mahmoud Darwich fut l'exception. Fut la surprise par le courage et la fragilité. Mahmoud Darwish était lui-même, l'écho de son écho. Il ne ressemblait à nulle personne, ni à un arbre. Plutôt il appartenait à une race unique, celle des chants. Partout, là où il passait, il semait la jalousie. Même son gros nez allumait la jalousie chez ceux qui possédaient des beaux nez ! Même Sharon, le boucher, le bourreau disait : et si nous avions un Darwish ! Mais Darwish est un, et ne peut être que lui : le Palestinien, le poète. Mahmoud Darwish savait et aimait préparer son café du matin, écouter Fayrouz et écrire pour sa maman, Al Hadja Houria. Mahmoud Darwish était plus fort que tous les chars israéliens. Mahmoud Darwish était aussi plus efficace, plus noble, que toutes les armées arabes. De toutes les guerres, il est en sorti vainqueur. Mahmoud Darwish est né pour vaincre, exclusivement pour vaincre. Cette jalousie lui a encouru les feux de ses amis et ceux de ses ennemis ! Mahmoud Darwish était plus grand que les politiques, plus convaincu que ses frères entretués, barricadés dans leurs idéologies. Il était le symbole de la résistance, de la beauté et de la patrie. Avec sa sensibilité extrême à la langue, une sorte de réponse au poète israélien Youssef Agnon, celui qui a rédigé la déclaration de la création de l'Etat d'Israël, Mahmoud Darwish a écrit le texte historique de “la déclaration de l'indépendance de l'Etat palestinien”, c'était en 1988, à Alger. Solitaire, il a traversé la vie, accompagné de la langue arabe qui, entre ses mains, se transformait en un jardin de papillons. Mahmoud Darwish fut Al Mutanabbi contemporain. Un manieur inimitable de la langue arabe. Orgueilleux, fragile et intransigeant. Courageux, insolent et dandy. Il puisait sa finesse et sa grâce du poète et musicien andalou Ziryab. Poète de la planétaire. Prix lotus 69. Prix de la Méditerranée 1980. Prix Avicenne 1982. Un timbre à l'effigie de Mahmoud Darwish à été émis par le ministère de la Communication palestinien, dix jours avant sa mort. Plusieurs distinctions, prix littéraires et médailles universelles. Une plume reconnue, Mahmoud Darwish est traduit dans une trentaine de langues, lu dans toutes les cultures. Ses récitals poétiques, depuis la défaite de la guerre de Juin 67, drainent des centaines de milliers. En star, Mahmoud Darwish était capable de remplir un stade. Il est considéré comme le poète le plus écouté, le plus suivi par le lectorat arabe, au côté de Nizar Kabbani. Après la mort de Arafat, la disparition de Mahmoud Darwish fut l'événement le plus douloureux pour le peuple palestinien, pour les passionnés de la poésie et les défenseurs de la liberté. “Pour moi mes amis apprêtent toujours une fête D'adieu, une sépulture apaisante à l'ombre de chênes Une épitaphe en marbre du temps Et toujours je les devance lors des funérailles : Qui est mort… qui ?”, a dit M. Darwish. A. Z. [email protected]