“Il y a aujourd'hui des ménages qui sont de plus en plus attirés par les avantages offerts par les crédits à la consommation, mais qui se retrouvent en fin de mois dans des situations difficiles à arbitrer entre le paiement de leurs crédits ou la nourriture de leur famille.” C'est ainsi que le ministre des Finances, Karim Djoudi, a justifié jeudi dernier à l'Assemblée populaire nationale (APN) la suppression du crédit à la consommation introduit dans le cadre de la loi de finances complémentaire (LFC) 2009 à l'occasion de son adoption par les députés. “Sur plus de 100 milliards de dinars de crédits à la consommation, 80% sont destinés aux crédits automobiles”, a indiqué, le ministre en précisant que “cette situation est à l'origine de la hausse des importations de véhicules et de pièces de rechange à 3,7 milliards de dollars en 2008”. Djoudi indiquera que les pouvoirs publics ont jugé qu'il est “plus utile pour les ménages d'avoir un logement que d'avoir une voiture”. Des mesures en terme de consolidation de la bonification des crédits à l'immobilier, une annulation de l'impôt sur le revenu global (IRG) sur les loyers pour stimuler la location de logement, en plus de la mise en place d'un crédit du Trésor à 1% pour permettre aux postulants d'accéder au financement de leur logement, sont prévus dans la LFC 2009. Le ministre, qui évoquera le développement de la production nationale, a précisé que les mesures décidées dans ce cadre ont pour objectif d'orienter graduellement certaines productions vers le marché national à l'image du tourisme, de l'agriculture et des services dont la facture d'importation s'élève à 11 milliards de dollars. L'importation des services a été taxée à 3%. L'objectif étant “de réduire le recours à l'importation et de s'orienter davantage vers le marché national”. Dans ce cadre, la LFC 2009 oblige les investisseurs à accorder une préférence à la production nationale pour bénéficier des avantages du régime général de promotion des investissements. Dans le même temps, elle offre la possibilité au Conseil national de l'investissement (Cni) de consentir, pour cinq années maximum, “des exemptions ou réductions des droits, impôts ou taxes, y compris sur la TVA, grevant les prix des biens produits localement et s'inscrivant dans le cadre des activités industrielles naissantes”. Dans ce cadre, il est question de la réduction de 17% à 7% du taux de la TVA sur les intrants destinés au montage des micro-ordinateurs. Quant à la réorganisation du commerce extérieur, la participation algérienne minimum aux sociétés constituées en vue de l'exercice des activités de commerce extérieur est fixée à 30%. Cette nouvelle mesure est sans effet rétroactif. Une autre nouveauté en matière de paiement des importations, celle du crédit documentaire (Credoc). Cet instrument vise à “assurer la traçabilité, le suivi et le contrôle des opérations de commerce extérieur qui ont généré, jusque-là, un phénomène de pompe aspirante des devises”, dira Djoudi. Le Credoc permettra aussi de réduire “les importations des produits non consommés”. La LFC 2009 prévoit aussi des mesures visant, entre autres, à réduire la charge fiscale en faveur à la création d'emploi et l'encouragement des PME, promouvoir la production nationale et réorganiser le commerce extérieur. L'allègement fiscal au profit de l'emploi comprend, dans la LFC, la prorogation pour deux années supplémentaires de la période d'exonération de l'impôt sur le revenu global (IRG) et de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) au profit des jeunes promoteurs engagés à créer cinq postes d'emplois permanents. Une extension de 3 à 5 années de la période d'exonération de l'impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) en faveur des investisseurs qui créent 100 emplois permanents dès le lancement de leur projet. La reconduction au-delà du 31 décembre prochain du dispositif d'avantages en faveur des chômeurs promoteurs (âgés de 35 à 50 ans) et la réduction complémentaire des charges patronales avec prise en charge par le budget de l'Etat du différentiel additionnel, sont au menu. Il est question aussi de la création d'un fonds d'investissement, dans chaque wilaya, chargé de participer au capital social des PME créées par les jeunes entrepreneurs.