L'Aïd, c'est aussi l'occasion de la prolifération de certains métiers saisonniers. Vendeurs de charbon, connaisseurs en achat du mouton, commerçants d'aliments de bétail, aiguiseurs de couteaux munis de machines manuelles ou électriques aiguisent couperet, couteau, machette, scie et hachoir. Pour le commerce de foin, il suffit de se procurer de la matière première, repérer un endroit stratégique, garages ou terrains vagues, voire trottoir de quelques artères ciblées de la ville... c'est parfait ! Avoir une balance, s'y prendre à l'avance et acheter la matière première en grandes quantités dix jours avant l'Aïd. Les prévoyants des villes qui ont acheté des moutons à l'avance à prix raisonnable n'ont pas prévu qu'ils doivent entretenir et nourrir le(s) mouton(s) jusqu'au jour de l'Aïd… Au bout du compte, les économies ne sont peut-être pas aussi nettes ! Pour se transformer en “medhaya'' (aiguiseurs) quelques jours avant le jour de l'Aïd, il faut se munir d'une meule d'aiguiseur en pierre. À défaut, en confectionner une avec les moyens du bord. On a vu des petits malins transformer des roues de voiture et faire de la jante un “fusil'' d'aiguisage de couteaux et autres outils qui servent à l'abattage des moutons. Attention de ne pas abîmer les lames. On peut choisir un endroit fixe… et stratégique pour recevoir les clients. Certains deviennent des transporteurs et proposent leurs services aux non-véhiculés. L'autre métier est égorgeur. Pas si facile… d'autant que les animaux sentent la mort et se débattent furieusement. Se transformer en boucher d'un jour, accompagné d'un ou même deux apprentis-bouchers, nécessite également de posséder au moins le jour J - tous les outils nécessaires : couperet, couteau, hachoir, scie, tempe (morceau de bois au moyen duquel le boucher tient ouvert le ventre d'un animal)… Attention : “souffler'' la peau de la bête fraîchement égorgée est un vrai métier qui demande… du souffle et de s'abstenir de fumer depuis la naissance !