Des journaux de Gaza en ont parlé ces derniers jours : les autorités égyptiennes pillent les aides internationales destinées aux pauvres de Gaza, autant dire à toute la population de l'enclave palestinienne sous embargo israélien systématique depuis deux années au moins. La situation nutritionnelle et sanitaire du million de Palestiniens y est alarmante. Les ONG internationales ainsi que les organisations multilatérales n'ont pas arrêté d'alerter sur la situation critique de ces Palestiniens assiégés alors que les aides continuent d'arriver sur le Sinaï. Un territoire voisin également verrouillé, non pas par les soins des Israéliens, mais par le pays “frère” qu'est l'Egypte. Le Caire veille au bouclage de l'enclave et, selon les Palestiniens, avec plus de zèle que l'ennemi israélien. Moubarak, après avoir profité du business transfrontalier via les fameux tunnels reliant Gaza à El-Arrich, ville champignon égyptienne qui doit sa naissance à ce commerce informel, s'est vu contraint de tuer la poule aux œufs d'or sur injonction des Israéliens auxquels il n'a jamais rien refusé. Les dizaines de tonnes de produits alimentaires, d'hygiène, sanitaires et de petites pièces de rechange élémentaires ont alors changé de destinataires. Le gouvernement du Caire se les approprie d'autant que les donateurs ferment les yeux, Washington et Paris veillant à ce que leur grand allié d'Egypte ne soit pas égratigné et cela tant qu'il assume le rôle que les deux capitales lui ont imparti. Les ONG ne peuvent pas dire qu'elles ne le savent pas puisque les dons sont accumulés au stade sportif d'AlReesh d'où ils sont dispatchés. Une partie pour les pauvres égyptiens et, il y en a plus que ne l'avouent les autorités égyptiennes. C'est le Pnud qui le dit dans un dernier rapport : dans le pays des Pharaons, un enfant sur trois meurt de malnutrition en 2009. Au point où les experts se demandent s'il ne valait pas mieux inscrire l'Egypte dans le lot des pays les plus pauvres dès lors qu'il bénéficie d'aides alimentaires. Au Sinaï, de l'autre côté de Gaza, les Egyptiens vivent dans le dénuement total. Charm El-cheikh ne doit pas faire illusion. Ce n'est que la vitrine du régime, une petite oasis pour richissimes et la nomenklatura égyptienne. L'autre partie de nourriture et autres nécessités de base pour les Gazaouis est revendue purement et simplement. L'argent va évidemment dans les caisses occultes du pouvoir. Les Palestiniens sont formels : oui, le régime de Moubarak pille la nourriture et autres biens de consommation censés être distribués aux orphelins et nécessiteux de Gaza qui, après avoir subi les bombardements israéliens, vivent sous la loi d'un blocus intégral auquel s'est joint, sans trop se faire prier, Moubarak pour, tentent de le défendre ses proches, apprivoiser Hamas et empêcher sa jonction avec les islamistes égyptiens. Et comme au Caire le foot et la politique se sont bien acoquinés, la police a même laissé des affamés du Sinaï se servir dans un des dépôts de l'aide humanitaire destinée aux Palestiniens. C'était après la déculottée des Pharaons par nos Fennecs. Ces biens, qui étaient stockés depuis janvier, n'ont pas été pillés auparavant. Le gouverneur du Sinaï, Mohamed Shousha, le responsable du Croissant-Rouge et la police ont laissé faire. Riz, farine, conserves, huile, couvertures et médicaments pour compenser la défaite, mais surtout contenir la colère des Egyptiens affamés. Des sources font état également de destruction de biens alimentaires destinés aux Palestiniens par les autorités égyptiennes. 250 tonnes en provenance de Libye ont été brûlés en mai dernier, ils avaient été déclarés impropres à la consommation, après être abandonnés sous le soleil du désert. Pourquoi l'Egypte ne facilite plus l'acheminement de la nourriture pour les pauvres qui meurent de faim à Gaza ? À travers la mer... à travers le poste-frontière... ou à travers les tunnels qui ont été gazés par les autorités égyptiennes pour dissuader les Gazaouis affamés d'y chercher ne serait-ce qu'une poignée de riz. La réponse coule d'elle-même : Moubarak a obéi à Netanyahu comme il l'a fait auparavant avec Olmert, et avant lui Sharon, Barak, Perez et bien d'autres. Le raïs égyptien, au pouvoir depuis 1982, en a vu défiler des premiers ministres israéliens.