Pourquoi la littérature arabe n'a-t-elle pas développé sa propre tradition dans l'écriture romanesque du polar ? 3. Le crime de la ville arabe n'est qu'un crime d'honneur. Par rapport au chemin libérateur parcouru par la femme arabe, depuis la fin du XIXe à la moitié du XXe siècle, nous constatons, aujourd'hui, un net recul sur le plan politique, civilisationnel et liberté individuelle et même vestimentaire. Tout ce que la femme arabe a réalisé dans le domaine politico-social, dans les années 1950, est considéré, aujourd'hui, par les forces extrémistes, comme un acte de blasphème. Cette situation de dérapage historique a engendré une culture du “crime d'honneur” qui cache tous les autres crimes financiers et humains et ainsi n'a pas aidé à la naissance et au développement du genre polar. 4. L'absence de la traduction du polar universel. Bien que quelques romans policiers d'Agatha Christie et de Maurice Leblanc… aient été traduits en arabe, mais cette traduction est restée “naïve”, défectueuse et piratée “sans influence aucune sur la littérature arabe. Elle n'a jamais provoqué une curiosité littéraire noire” chez les romanciers arabes. En Algérie, la naissance du roman policier algérien date de 1970. Cette expérience romanesque est née dans la langue française. La littérature algérienne francophone, influencée par les traditions de la littérature française policière, a pu développer une écriture du polar. Le polar est définitivement absent, plutôt inexistant dans La littérature arabophone algérienne. Le nombre des romans polars algériens publiés jusqu'à la fin du siècle dernier ne dépasse pas les vingt-deux. Qui se souvient des noms de nos romanciers qui faisaient la une de l'édition nationale Sned puis Enal ? Qui se souvient d'un certain Youcef Khader, qui, en deux ans (1970-1972), a publié d'un seul coup six romans d'“espionnage”. 1. Délivrez la fidaya, 2. La Vengeance passe par Ghaza 3. Halte au plan terreur (1970) 4. Les Bourreaux meurent aussi (1970) 5. Pas de phontoms pour Tel-Aviv (1970) 6. Les Panthères attaquent Qui se souvient d'une femme écrivaine du polar, Zehira Houfani-Berfas ? Cette écrivaine, installée au Canada depuis 1994, fut auparavant productrice d'émissions sur la littérature féminine pour le compte de la Radio nationale Chaîne III. Zehira Houfani a publié deux courts romans policiers : Le Portrait du disparu, publié en 1985, est une sorte de récit basé sur l'infidélité, la jalousie et le crime ; le deuxième, les Pirates du désert (1987), traite du problème de la contrebande dans nos frontières au Sud algérien, dans la ville de Tamanrasset.Avec l'arrivée du phénomène littéraire appelé Yasmina Khadra, avec Morituri, Double blanc, l'Automne des chimères, la Part du mort, la littérature noire algérienne a fait un pas de géant. Le succès des romans policiers de Yasmina Khadra, en Algérie comme à l'étranger, en langue française comme dans des dizaines de traductions dans le monde, exception faite en langue arabe, a donné un nouveau souffle à l'aventure littéraire chez d'autres écrivains algériens. Ainsi on lit De bonnes nouvelles d'Algérie, de Chawki Amari, le Tycoon et l'Empire des sables, de Salah Chekirou, la Mort de l'entomologiste, de Mohamed Balhi et d'autres. A. Z. [email protected]