La conduite en état d'ivresse tue moins que la conduite sous l'effet de stupéfiants et de psychotropes. Le nouveau code de la route, entré en vigueur, prévoit la mise en place d'un dispositif électronique et scientifique pour incriminer les chauffards consommateurs de kif ou autres substances similaires. Les sinistres routiers coûtent annuellement au Trésor public plus de 100 milliards de DA. Pas moins de 518 radars seront opérationnels à travers les 48 wilayas du pays dans le cadre de la lutte contre les sinistres de la route, dont 118 sont déjà efficients et 400 autres en cours d'acquisition et d'installation sur les axes routiers et devront toucher les 821 points noirs identifiés et recensés sur les RN1, 4 et 5. Les tachymètres et les caméras de surveillance viendront également compléter cet important dispositif afin de juguler les accidents de la circulation qui ont causé, depuis 2005, 17 250 morts et 209 638 blessés, dont 3 829 décès et 43 782 blessés pour la seule année de 2009. La tendance étant à l'aggravation (en termes du nombre de décès), la Gendarmerie nationale ayant recensé 24 715 accidents, soit une moyenne de 68 sinistres/jour, équivalant à 10 morts et 120 blessés en 24 heures. Du coup, l'installation de ces radars et autres dispositifs contribuera sans doute à renverser la tendance, surtout que le nouveau code de la route en vigueur prévoit des amendes assez élevées, la rétention et/ou le retrait du permis de conduire allant jusqu'à 6 mois, mais aussi des circonstances aggravantes allant jusqu'à des peines d'emprisonnement de 12 mois à 5 ans, selon les délits ou les crimes commis par les automobilistes. Avec 3 500 nouveaux handicapés/an et 100 milliards de DA de dépenses sur le compte du Trésor public, le durcissement apporté par les nouvelles dispositions se veut un garde-fou pour les chauffards récidivistes et autres contrefacteurs qui “s'offrent” de nouveaux permis de conduire après déclaration de perte. Les radars et autres systèmes de surveillance mis sur les routes départementales et nationales s'ajouteront à d'autres mesures comme le fichier national de cartes grises et de permis de conduire. Le lieutenant-colonel Ali Bellouti, qui a présenté le bilan exhaustif de l'année 2009 au groupement (GGN) de la wilaya de Béjaïa, a estimé que le pic des sinistres a été enregistré en 2008 avec 25 139 accidents ayant entraîné 3 662 morts et 44 209 blessés. Le nombre de décès étant élevé en 2009, le représentant de la division de la sécurité routière au Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN) a, toutefois, souligné que l'ouverture de certains tronçons de l'autoroute Est-Ouest a sensiblement contribué à faire baisser le nombre d'accidents. Mais il y a aussi le travail de proximité des unités territoriales et des escadrons de la sécurité routière (934 273 opérations barrages et patrouilles), la révision des textes législatifs permettant une meilleure visibilité des états des lieux, la multiplication des barrages et des compagnes de sensibilisation (6 793 compagnes) et autres facteurs (445 campagnes en milieu scolaire), qui ont contribué à stabiliser, voire à diminuer les sinistres sur nos routes. M. Bellouti mettra en exergue les accidents causés par les transports de marchandises et de voyageurs. “Ces derniers sont derrière 8 graves accidents. Ils ont causé, à eux seuls, 74 décès et 163 blessés”, explique l'orateur qui se réjouit, par ailleurs, des dispositions prises à l'encontre des chauffeurs professionnels en cas de sinistre avec circonstances aggravantes. En ce sens, on relève que 6 374 moyens de transport de marchandises et 1 587 autres moyens de transport des voyageurs ont été incriminés dans ces mésaventures routières, même si les véhicules de tourisme impliqués s'élèvent à 26 934 unités, soit 71,01% du parc concerné par ces calamités. Au total, les moyens de transport de marchandises, des voyageurs et les taxis ont causé 6 920 accidents ayant fait 16 034 victimes, dont 1 555 morts, soit 40,60% du nombre total des décès en 2009. Les reconstitutionnalistes bientôt déployés sur les lieux de l'hécatombe Parmi les victimes, figurent 1 618 enfants âgés de moins de 4 ans, 1 924 autres bambins âgés entre 5 et 9 ans, 1 784 mineurs âgés entre 10 et 14 ans et, enfin, 3 447 adolescents âgés entre 15 et 19 ans. Les victimes âgées de 25 à 29 ans occupent la tête du sinistre hit-parade, suivies de 6 948 autres âgées de plus de 50 ans. Sétif en tête, suivie d'Alger, Oran, Batna, Tlemcen et Mascara, les wilayas les plus touchées sont celles généralement qui connaissent un trafic routier dense. Mais il y aussi les régions de Blida, Tipasa et Chlef, où les accidents ont connu en 2009 un pic des plus inattendus. En ce sens, révèle M. Bellouti, l'axe Alger – Tamanrasset est le plus meurtrier, suivi de celui reliant Alger – Constantine et de l'axe Blida – Oran. Nervosité au volant, dépassements dangereux, non-respect de la priorité et des plaques de signalisation routière, l'homme a provoqué en 2009 près de 20 000 sinistres sur nos routes, en sus de ceux causés par les piétons, soit 2 164 autres accidents corporels, souvent mortels. Et si la conduite en état d'ivresse tue encore, il en résulte que ce facteur n'est pas majeur puisque seulement 0,99% des cas ont été constatés. En revanche, admet, M. Bellouti, la conduite sous l'effet des stupéfiants et des psychotropes est derrière un nombre élevé de sinistres. L'actuel code en vigueur promet d'être sévère puisque les gendarmes comptent, très prochainement, mettre un système de détection de la consommation des drogues au volant. Et ce sera doublement puni devant la loi quand on sait que la commercialisation de la drogue et sa consommation sont déjà réprimées par la loi. Il reste, toutefois, les amendes forfaitaires qui s'élèvent à 1 176 521, dont 930 552 amendes impayées, qui posent une problématique complexe. Mais le nouveau code de la route prévoit leur paiement sous les dix jours ouvrables ; à défaut les autorités compétentes s'autosaisiront pour le retrait immédiat du permis de conduire, en plus de la convocation du contrevenant devant la justice. Sur un autre plan, note M. Bellouti, le CGN a prévu un vaste plan pour sécuriser l'autoroute Est-Ouest puisque 20 pelotons seront érigés sur les 1 200 km de route, dans un premier temps, et devront toucher les centres d'entretien. Un travail qui sera mené en partenariat avec l'Algérienne de gestion des autoroutes (AGA). D'autres recommandations seront également mises à profit afin de sensibiliser les autres secteurs à se mettre dans la lutte contre les sinistres routiers. Enfin, révèle le colonel Abderrahmane Ayoub, directeur de la communication au CGN, 10 spécialistes en reconstitution des faits, première promotion issue de l'Institut d'accidentologie de Bouchaoui (Alger), seront envoyés dans les unités et les zones reconnues pour être des points noirs afin de constater le sinistre, d'étudier dans le détail les raisons de l'accident et de faire état d'un compte rendu technique afin de juguler ces phénomènes. “Ces reconstitutionnalistes seront graduellement généralisés à travers les groupements de gendarmerie, les compagnies et les brigades. Leur travail est de retracer scientifiquement du début jusqu'à la fin le sinistre. L'objectif est d'arriver à diminuer cette hécatombe sur nos routes et de mettre fin au comportement inadmissible de certains chauffards qui, 200 mètres après un dépassement dangereux, se garent tranquillement pour siroter un café”, dira M. Ayoub.