À quelque deux mois de l'échéance de la 16e Conférence internationale du gaz naturel liquéfié (GNL 16), qui doit se tenir à Oran du 18 au 21 avril prochain, rien ne semble aller comme il se doit puisque, jusqu'ici, aucune des structures prévues pour cet important rendez-vous n'est encore prête. En effet, l'ensemble des délais prévisionnels et contractuels pour la livraison des projets, notamment celui du Centre des conventions d'Oran (CCO), sont aujourd'hui dépassés, et la situation sur le terrain contredit largement les rares appréciations des autorités locales et du comité d'organisation de la conférence qui se refusent toujours à parler de retards. Il faut dire qu'au fur et à mesure que les semaines passent, la communication autour des préparatifs du GNL 16 se raréfie de toutes parts. Le scandale qui secoue la compagnie Sonatrach, qui finance et chapeaute une grande partie des chantiers liés au GNL 16, ne doit pas être étrangère à ce silence pesant, dès que l'on tente d'avoir un interlocuteur capable de nous faire un point sur la situation. D'ailleurs, il y a deux semaines, le tout nouveau P-DG de Sonatrach par intérim, le Dr Feghouli Abdelhafid, tenait à Oran une conférence de presse pour un point de situation autour des préparatifs du GNL16 “en sa qualité de président du comité d'organisation”. Une rencontre où, étrangement, seuls les organes de presse publique furent invités à assister. Dès lors, la date de référence reste celle que claironnait le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, lors de chacune de ses visites, à savoir une réception du CCO à la fin de décembre 2009. Le délai contractuel fixé à la société espagnole OHL, qui réalise l'ouvrage, fin janvier 2010 est aussi dépassé, posant d'autant la question des pénalités et de leur prise en charge. Sans oublier le doute que cela fait planer sur les conditions d'ouverture de la conférence le 16 avril prochain. Le CCO d'Oran, qui a ingurgité pas moins de 400 millions d'euros, est une structure présentée comme ultra-moderne et spécialement conçue pour l'évènement. La plupart des équipements et les matériaux nobles utilisés pour sa réalisation sont importés. Le CCO abritera un auditorium de 3 000 places, un hall d'expositions de 20 000 m2 et des halls d'expositions et des salles de réunions. Ceci sans oublier la réalisation d'un hôtel, le Méridien, 5 étoiles d'une capacité de 300 chambres dont la réalisation accuse, lui aussi, un long retard. L'inquiétude plane aussi, mais à un degré moindre sur la conduite de la multitude de chantiers lancés à Oran dans le cadre de cette conférence du GNL16. Une pléthore de marchés pour l'embellissement d'une douzaine de rond-points – certains en sont à leur seconde opération d'aménagement depuis 5 ans –, l'embellissement de la ville et la réhabilitation de centaines d'immeubles se trouvant sur les principaux boulevards. Il s'agira surtout de traiter les façades dégradées, la réfection des trottoirs et des rues. En somme, une mise à niveau générale et sur tous les plans de la capitale de l'Ouest. Dans tout cet ensemble, la question notamment des capacités d'hébergement de la ville d'Oran se pose aussi avec acuité. Là encore, le flou est entretenu pour l'accueil des quelque 4 000 congressistes attendus. Avec une liste de 17 hôtels retenus par un bureau d'études anglais chargé de l'opération du choix des établissements hôteliers, le déficit est criant. La location de car-ferries pour 3 millions d'euros – le “Grand Voyager” et le “Grand Célébration”, propriété d'une société espagnole, et qui seront à quai au port d'Oran durant une semaine, risque de ne pas suffire et le recours à un troisième bateau de croisière se précise. C'est aussi pour permettre l'accostage de ces navires de croisière de luxe que des travaux importants d'aménagement au port d'Oran sont en cours d'achèvement, le tout pour un montant de près de 500 millions de dinars. Mais, récemment, l'audition du directeur du tourisme d'Oran par son ministre de tutelle a jeté un pavé dans la mare puisque sur 133 établissements hôteliers de la ville, près de 90% fonctionnent sans autorisation d'exploitation, et l'on croit savoir que sur les 17 hôtels retenus pour le GNL 16, certains sont dans cette situation. La prochaine visite que devrait effectuer la semaine prochaine M. Chakib Khelil, l'avant-dernière pour inspecter tous les chantiers liés à la conférence du GNL 16, s'avère dès lors des plus tendues. À ce moment-là, le point de la situation réelle devra se faire avec le spectre des enquêtes que l'on annonce de partout autour des marchés de Sonatrach. Certains s'attendent d'ailleurs à ce qu'un regard très particulier soit posé sur les préparatifs ayant entouré le GNL 16. Un cadre de Sonatrach requérant l'anonymat dira que l'importance politique de la tenue du GNL 16 à Oran fait que s'il doit y avoir des révélations, cela ne pourra intervenir qu'à la fin de la conférence. Le feuilleton va-t-il continuer ?