Que reste-il de La Casbah en 2010 ? Qu'est-ce qui a été fait après avoir déchargé M. Cherif Rahmani en 1999 du dossier de restauration de la vieille cité d'El Djazaïr ? Les différentes opérations d'assainissement et de sauvetage entamées il y a une dizaine d'années au niveau des îlots, entre autres, Sidi Ramdan, Lalahoum, Souk El Djemaâ, ont-elles connu un aboutissement par les prédécesseurs de l'ex-gouverneur d'Alger ? Autant d'interrogations formulées par les animateurs de la Fondation Casbah qui a animé, hier, une conférence-débat sur la sauvegarde de la Medina de Sidi Abderahmane Ethaâlibi. L'occasion a été mise à profit pour tirer la sonnette d'alarme pour la énième fois et lancer un appel pressant pour un sursaut ultime dans l'espoir d'un recouvrement salutaire et urgent de la mémoire d'Alger à travers le sauvetage de La Casbah qui demeure un enjeu civilisationnel et culturel. En fait, c'est un véritable réquisitoire qu'ont dressé, hier, MM. Belkacem Babaci et Ali Mebtouche, respectivement président et membre de la Fondation Casbah. Sans y aller par quatre chemins, le président Babaci a dénoncé l'indifférence des autorités compétentes quant au sort réservé à La Casbah qui survit aux vicissitudes du temps. Sans ambages, il lancera à l'adresse de l'assistance, composée éminemment des anciens Casbadjis et des amoureux de la citadelle d'El Djazaïr, que La Casbah fait objet, à présent, dénonce-t-il, d'un business florissant mené, au vu et su de tous, par une mafia de squatteurs sans vergogne. Ces derniers qui ont squatté des lieux, notamment au niveau de l'îlot de Sidi Ramdane, proposent les clefs d'une “douira” à 600 000 Da. À cela s'ajoute le retour illégal des anciens occupants des bâtisses ayant bénéficié d'appartements dans le cadre des opérations de relogement menées par l'ex-gouverneur d'Alger, Cherif Rahmani. Chiffres à l'appui, l'animateur de l'émission radiophonique de “Tahouissa fi ettarikh” a rappelé que La Casbah, qui comptait dans son tissu 1 700 bâtisses en 1962, est constituée à présent de 600 douirates qui sont encore dans un bon état et 180 menaçant ruine, offrant un spectacle désolant et même triste. L'heure n'est pas aux lamentations. Il est plus que temps de sauver ce qui reste de la vieille cité d'Alger à travers des actions concrètes. À ce titre, il ne manquera pas de rappeler les initiatives prises par les membres de la fondation pour sensibiliser les pouvoirs publics. À ce propos, le conférencier fait rappeler à l'assistance les propos tenus par Mme la ministre de la Culture lorsqu'elle avait reçu des membres de la fondation qui lui ont remis un document intitulé “Mécanismes et stratégies de sauvegarde de La Casbah d'Alger” : “Je vais en faire de ce document mon livre de chevet.” Sans commentaire. Néanmoins, les animateurs de la fondation continuent, contre vents et marées, la résistance avec des moyens de fortune, pour sauver ce qui reste de La Casbah qui demeure un bien commun et une mémoire collective. Et leur initiative d'hier pour marquer la Journée nationale de La Casbah n'obéit pas au principe de la festoyer, mais de dénoncer l'inertie des autorités compétentes.