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Il était une fois les maquis
L'amélioration du climat sécuritaire attire les investisseurs à bouira
Publié dans Liberté le 20 - 03 - 2010

Depuis une année, pas un seul jeune de la ville de Bouira n'a rejoint les rangs des groupes armés. Autrefois tentés par les discours des sanguinaires, ils s'adonnent, aujourd'hui, à trouver un emploi, un toit et à se stabiliser. Des moyens colossaux sont mis à la disposition de cette importante frange, notamment pour lutter contre la drogue et les fléaux qui gangrènent les cités et quartiers de Tubirets. Le privé est mis à contribution, voire sollicité, pour faire fructifier la dynamique de développement enclenchée à la faveur de l'amélioration du climat sécuritaire sur le double plan terrorisme et criminalité globale. Aujourd'hui, Bouira tourne le dos aux maquis, sa jeunesse s'investit dans l'emploi, les nouvelles technologies, le sport et la culture. Tant d'énergies que les acteurs locaux s'attellent à libérer pour redorer le blason d'une localité qui jouit de tous les atouts pour devenir, dans un futur proche, une banlieue du Grand-Alger.
À peine les grottes de Lakhdaria, ex- Palestro, dépassées, nous entamons le tronçon de l'autoroute Est-Ouest. À quelques encablures de notre itinéraire, se trouve le point de chute des terroristes sanguinaires, un semblant d'oued infecté d'eaux usées. Ayant perdu soutien et logistique, ces groupes armés sont plus que jamais acculés par la lutte implacable des forces de sécurité. Ici même, se trouve aussi le point de passage et la base de recrutement des jeunes tentés par les discours des hordes criminelles. On en témoignera d'emblée qu'“aucun jeune de la région n'a rejoint les maquis depuis plus d'une année”. Une importante donne qui atteste sans doute de la détermination et de la prise de conscience des jeunes en guise de démarcation contre le terrorisme et les harangues excitantes des intégristes. On en dira de même de l'autre côté des limites entre Bouira et Bordj Bou-Arréridj où les populations de Sidi Brahim se sont également soulevées contre la terreur. Ces citoyens et patriotes étaient derrière la dernière opération menée par l'Armée contre le terrorisme, en les informant de la présence d'individus dangereux et armés dans les maquis avoisinants. Ces deux éléments, comme d'autres, viennent se greffer à une longue résistance et une lutte salutaire sur un axe autrefois réputé pour être la plaque tournante des attentats et la base arrière des groupes armés, mais aussi des malfaiteurs et des gangs. C'est que la couverture sécuritaire a atteint près de 70%, avec en amont les points de surveillance et une présence quotidienne des services de la Gendarmerie nationale, et, en aval, les postes d'observation. Cet état des lieux ne fait que confirmer l'amélioration du climat sécuritaire global et qui augure un retour à la normale. Sinon et au-delà de ce fait, la région abrite plus de 800 étrangers issus de 23 nationalités, dont des Américains, des Italiens, des Chinois…. Les services relevant de l'Escadron de sécurité routière (ESR) assurent au quotidien l'escorte sur l'ensemble des tronçons jusqu'aux chantiers. Le grand viaduc dépassé, un ouvrage signé Cosider, nous chutons sur la périphérie de Bouira. À une heure de route de la capitale, où la loi du brouhaha et des bouchons infernaux dicte son diktat, la chaîne montagneuse du Djurdjura charme les plaines d'une ville en pleine expansion.
Les accidents «transférés» de la RN5 à l'autoroute Est-Ouest
Surplombant Lalla Khedidja, Tubirets, de sa domination berbère, connaît un rythme de développement à couper le souffle. Une métamorphose qui saute aux yeux dès que le commun des mortels atteint la dernière bifurcation de l'autoroute Est-Ouest. Mais après le viaduc, la méfiance est de mise. Les radars des gendarmes guettent les chauffards. Et c'est bien indiqué “vitesse limitée :
60 kms/h”. Un contraste au milieu d'une autoroute ? Evidemment pas. Puisque un pont accroche tout de suite l'automobiliste, juste après le fameux tunnel, où des accidents mortels sont enregistrés chaque jour. Et dans ce cas, si accident il y a, le bouchon atteindra le viaduc.
Le commandant de l'ESR, M. Mekhfi, exhibe un document chiffré des sinistres. Il affirmera que la majorité des automobilistes appuient sur le champignon aux heures de pointe, y compris les chauffeurs des transports en commun et des gros tonnages. Il y a même les “nouveaux permis” qui ne devraient pas dépasser les 80 km/h qui sont flashés à plus de 140 km/h. Et comme il fallait s'y attendre, les accidents, autrefois enregistrés sur la RN5, sont “balancés” sur l'axe autoroutier où les automobilistes développent un sentiment de sécurité et de confiance. Et tout le drame est là ! Toutefois, et comparativement à la même période de l'année 2009, notamment depuis la mise en vigueur du nouveau code de la route en février dernier, les sinistres ont connu une baisse de plus de 60%. Ah, la poche ! Cher le permis, pas la vie, le nombre de victimes est relativement élevé.
Nero, 3 ans, appuie les SSI pour juguler la délinquance
Bouira profonde, c'est aussi les grandes mutations. Une nouvelle ville, un ancien bâti, des îlots et des cités qui ont poussé comme des champignons durant les années de braise sont, aujourd'hui, devenus de véritables nids de la délinquance. Premier cliché en traversant Oued Bouira, une appellation pour désigner les deux rives d'une même ville, la voie ferrée. Celle-ci, au vu de sa proximité avec la cité les 140 logements (aujourd'hui les Chinois en réalisent plus), est empruntée, dès le début de soirée, par des groupes de jeunes qui s'adonnent à la consommation de la drogue. Ils sont de moins en moins nombreux. Les gendarmes de la compagnie de Bouira, appuyés par les éléments de la Section de sécurité et d'intervention (SSI), traquent sans merci ce fléau. Pas de dealers notoires dans l'axe, encore moins dans le centre-ville, les plus tentés “préfèrent” les boissons alcoolisées. Des gens à problèmes ? “Pas du tout”, se défendent-ils. Pourtant, au cœur d'un terrain vague, aux 140 logements, des consommateurs de kif, rusés, recourent à des procédés inédits. Ces présumés délinquants, qui risquent jusqu'à 3 mois de prison ferme, sont “accompagnés” par deux chiens de race. Pas pour la distraction en tout cas. Loin d'être un hobby, la présence de ces dogues, des femelles, servent à amadouer le chien renifleur des gendarmes, Nero (3 ans), afin de l'éloigner des stupéfiants ! Mais le stratagème ne tiendra pas la route devant les éléments de la SSI qui les embarquent. Pris en flagrant délit, les deux mis en cause seront conduits à la brigade pour un procès-verbal. Notre virée se poursuivra, direction Erich. Les “plumes”. Le quartier est calme. Un commerçant du coin, des bambins footballeurs dans la peau des Ziani et des Bougherra, d'autres jeunes en séance de jogging, et quoi de mieux à proximité d'une forêt, autrefois passage des tangos du GIA, la vie reprend ses droits. Désertés, les lieux seront vite repeuplés. Dans la journée, notamment durant les week-ends, des familles viennent pique-niquer devant le paisible lac. On nous apprend que les autorités locales ont inscrit un projet de création d'un parc naturel et d'un lieu de détente. L'enveloppe financière est prête. Intransigeant sur les projets de développement, l'actuel wali veille à sa prochaine réception dans les délais. Et tant mieux. L'accès est difficile. La route est en partie défoncée. Mais les adeptes des lieux trouvent le moyen de traverser jusqu'au lac pour apprécier de bons moments. Point de kif sur les lieux, sinon quelques boissons fraîches, en guise de passe-temps, nous prenons la direction de Ras Bouira. Autrefois bourgade impénétrable, ce cap est devenu un lotissement surpeuplé du fait de l'exode rural des populations menacées, durant la décennie rouge, par le terrorisme. La route est jalonnée de voitures en stationnement.
L'Hypermarché Numidis Umidis de Cevital, ce sera en octobre 2010 !
Les projets pullulent à Bouira. L'actuel exécutif s'est tracé un objectif : développer la région, créer des richesses, des emplois, construire des logements, élargir les routes, équiper les écoles et les hôpitaux, relancer les secteurs touristique et sportif, et inciter l'activité culturelle et artistique. Mais surtout fructifier les terres arables, sachant que la vocation agricole prime. Mais l'exécutif compte énormément sur l'apport du privé pour dégripper la machine. C'est ainsi que, lors d'une visite guidée, nous découvrons le projet de l'hypermarché de Cevital, dénommé Numidis Umidis. Bâtie sur une surface de 15 000 mètres carrés, explique M. Hadji, responsable technique du projet, cet hypermarché, au standing mondial, totalise 7,5 hectares et sera doté de trois parkings, d'une capacité de plus de 700 places, dont deux parkings pour visiteurs et un autre pour le personnel. Le projet, qui sera probablement livré en octobre 2010, permettra de créer près de 350 emplois. À l'heure actuelle, les travaux avancent et un bureau d'études français a été sollicité pour apporter sa touche aux aspects toiture (bac en acier) et autres modifications prévues. Numidis Umidis, dont le maître d'ouvrage est la filiale de Cevital Imobis, sera géré par Numidis, une autre filiale du même groupe.
Mais ce n'est pas tout puisque Cevital a consenti un volume d'investissement important à Nessis, sur la route de Aïn Bessam. Celui-ci consiste en la réalisation d'une plate-forme logistique, la plus grande en Afrique, selon notre interlocuteur, sur une superficie de 16 hectares, dont 8,5 hectares de bâtis. Le projet, en cours d'achèvement permettra de créer près de 1 000 emplois. Nos interlocuteurs estiment que seul ce genre de projets pourrait relancer la machine et permettre au développement local de connaître l'essor escompté.
Un autre projet, nous dit-on, sera très prochainement lancé par Cevital à Oued El Berdi. Sans précisions, ledit projet est en phase d'études géotechniques.
Par ailleurs, et en plus du lancement de la radio locale, d'un cyberespace à côté de Mobilis, le complexe sportif Rabah-Bitat constitue l'une des fiertés des populations de Bouira. D'une superficie de 22 hectares, le stade à lui seul occupe 17 hectares avec toutes les commodités, dont la pelouse naturelle, 10 000 places pour le public, des blocs d'hébergement, des vestiaires, une salle de formation et deux autres terrains annexes. La salle omnisports, attenante à une piscine semi-olympique, est dotée de 1 000 places et de toutes les intelligibilités qu'exige un athlète. En face, se dessine un projet ambitieux : un pôle universitaire. En étude à l'heure actuelle, le projet sera lancé vers la fin 2010 pour accueillir plus de 6 000 places pédagogiques et 3 000 lits. Ainsi, Tubirets ouvre une nouvelle page, celle du développement.


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