Alger, un jour de fin de semaine Une pharmacie du Centre : “II nous est arrivé d'attendre la Cnas durant plusieurs mois pour le remboursement de près de 70 millions de centimes du tiers payant. Pendant ce temps, les créanciers, grossistes et autres fournisseurs, nous harcelaient. J'ai même demandé à mon père de vendre la pharmacie à cause de ça et d'autres problèmes semblables. D'ailleurs de nombreux anciens pharmaciens sont en train de vendre leurs locaux. Moi-même je suis juriste et j'ai refusé de suivre mon père dans la profession”. Il existe, selon notre interlocuteur, des personnes qui cumulent la fonction d'importateur, de grossiste et qui possèdent plusieurs pharmacies. Ce qui leur permet de spéculer. Ils stockent les médicaments qu'ils ne sortent qu'en petites quantités afin de faire flamber le marché. Par ailleurs, d'après le même interlocuteur, Saidal disposerait de stocks de médicaments très recherchés, dont le psychotrope Temesta, mais introuvables faute d'information fiable. à ajouter au véritable boycott de l'insuline fabriquée par la même entreprise et on pourra avoir une vague idée de la puissance des barons du médicament dont l'importation a atteint désormais près de 2 milliards de dollars. Une deuxième pharmacie à Alger “Le seul problème est de recopier très exactement les renseignements sur l'ordonnance et la feuille de maladie, pour le remboursement de la pharmacie conventionnée avec la Cnas. La carte Chiffa est une carte à puce qui est lue par l'équipement du pharmacien. Les bénéficiaires de cette carte ne sont pas servis partout : ils sont affectés à un certain nombre de pharmacies, dont la liste leur a été fournie avec le carnet. Ce sont ces mêmes pharmacies qui continuent à fournir les médicaments aux malades. Normalement il n'y a pas de problème lorsqu'il s'agit de maladies chroniques, les médicaments sont fournis sur présentation de la carte Chiffa. Même si parfois quelques petits dysfonctionnements persistent”. Pharmacie d'une petite ville de l‘intérieur Au comptoir, le pharmacien essaie d'expliquer à un vieil homme que sa carte est périmée depuis avril et qu'il doit aller à l'agence Cnas la faire réactiver. On lui a pourtant affirmé à l'agence qu'elle est activée. “Il risque de faire le va-et-vient de nombreuses fois avant d'être satisfait”, énonce le pharmacien apparemment désolé pour le vieux qui voudrait même prendre ses médicaments quitte à les payer tout de suite. “Je peux lui fournir les médicaments si au niveau de l'agence Cnas, on lui donne un écrit avec le cachet de l'agence, en attendant que sa carte soit renouvelée. Il s'agit d'un malade chronique, donc pas de problème de mon côté en tout cas”, affirme le pharmacien qui ajoute : “Le problème c'est lorsque l'ordonnance dépasse les 2 000 DA, ou lorsqu'il s'agit d'une 3e ordonnance, il faudra retourner à l'agence pour la faire viser”. S'agissant du remboursement des médicaments fournis aux malades au titre du tiers payant, le même pharmacien se plaint des lenteurs de la Cnas. “Je suis remboursé, mais pour cela je dois insister régulièrement auprès de la Cnas, afin de ne pas perdre de l'argent”.