Nos ressources minérales sont importantes, le système fiscal est attractif mais on ne constate pas des chantiers de développement miniers à la hauteur de ce que la recherche minière a découvert, malgré le fait que plusieurs gisements ont été acquis par différents investisseurs nationaux et étrangers. La crise qui secoue les marchés financiers a des répercussions directes sur les marchés des matières premières. Durant les semaines écoulées les matières premières minérales ont subi des hausses et des baisses substantielles. À titre indicatif, au 23 juillet 2010, les cours de quelques métaux sont les suivants : (*) cours sur LME Les cours de ces produits et bien d'autres restent très fébriles dans un environnement où les cours du dollar et de l'euro sont eux-mêmes instables. On note, cependant, que le cuivre a augmenté de plus de 170% de 2008 à début 2010 et exerce un effet d'entraînement sur les autres métaux de base : zinc et plomb. L'or continue son ascension et d'après les experts, il ne répond à aucune logique d'inflation, de déflation, du marché des actions et “il anticipe une explosion du système monétaire mondial” (1). Les terres rares quasiment produites en Chine, à plus de 95%, sont devenues ainsi le monopole de ce pays qui en consomme énormément étant donné son potentiel de production et de consom-mation. Plusieurs industries (voitures hybrides, éoliennes, électronique, lampes de basses consommations, etc.) seraient compromises sans ces terres rares. Il y a lieu aussi de méditer la stratégie adoptée actuellement par la Chine pour préserver le marché des terres rares (TR) : les autorités chinoises ont décidé de mettre entre les mains de 3 à 5 entreprises publiques le marché des TR en unifiant aussi leur réseau de transport, distribution et vente. La concentration de produits miniers entre les mains de grandes entreprises devient courante : 70% du fer est entre les mains de 3 compagnies : Rio Tinto, BHP-Billiton et Vale ; 50% de l'acier est consommé en Chine. Dans l'acier, le fer est le principal élément mais la fabrication des aciers spéciaux nécessite du nickel, du chrome, du molybdène, du vanadium, etc. Plus de 41% du cuivre sont produits au Chili et au Pérou. Tenant compte de cette situation, plusieurs pays “invisibles” sur le marché minier international commencent à aiguiser leur retour. Ainsi la France veut mobiliser ces compagnies (Areva et Eramet) pour s'engager dans l'exploration qui est une phase sine qua non indispensable à la découverte et à la reconstitution de gisements. La course est ainsi engagée et la construction de grands groupes miniers est déjà entamée depuis quelques années afin de pouvoir s'imposer sur le marché des ressources minérales qui deviennent de plus en plus rares et non renouvelables. L'importance des produits miniers et leur rareté de plus en plus affirmée exige des travaux intensifs d'exploration afin de découvrir de nouvelles ressources minérales qui alimenteront le marché. Les techniques d'approche de l'exploration et les nouvelles technologies couplées avec les modèles métallogéniques développés ailleurs, sur des gisements connus, vont permettre une meilleure connaissance, donc une grande probabilité de découverte de gisements. Notre pays qui ne produit pratiquement que des agrégats, malgré une timide entrée dans le développement de gisements d'or et de métaux de base (zinc et plomb) est appelé à sortir de cette “bulle”. Des gisements de métaux destinés aux industries métallurgiques, électroniques, automobiles et autres existent bel et bien dans notre pays et beaucoup d'autres peuvent être découverts pour peu que des programmes d'exploration d'envergure soient mis en place. Le développement et la mise en exploitation de ces gisements potentiels constituera une source appréciable de rentrées en devises et permettra de faire face à la demande du marché intérieur qui est en plein essor et sera aussi un important vecteur d'emplois directs et indirects. Le “tout hydrocarbure” actuel pourrait être jugulé et une dynamique “hors hydrocarbures” serait mise en œuvre. Nos ressources minérales sont importantes, le système fiscal est attractif mais on ne constate pas des chantiers de développement miniers à la hauteur de ce que la recherche minière a découvert, malgré le fait que plusieurs gisements ont été acquis par différents investisseurs nationaux et étrangers. Le secteur minier étant très capitalistique, il serait judicieux de rapprocher les investisseurs et les banquiers dans des séminaires de sensibilisation et d'explication de l'importance de cette activité tout en commençant par la définition de ce qu'est l'exploration de gîtes minéraux, le développement et la mise en exploitation de gisements. Cela permettra d'éclairer les points de vue car pour un non-initié, un gisement minier pourrait être vu comme une notion abstraite et virtuelle. Une visite de gisements et le suivi du processus de production d'or (par exemple) pourrait servir de déclic à tous ces intervenants : voir une roche où l'or est quasiment invisible qui après traitement, raffinage et affinage aboutira à des lingots pourrait s'avérer bénéfique pour les différentes parties qui souhaitent s'engager dans le secteur de l'industrie minière. L'entrepreneur minier doit être accompagné d'experts avérés tout comme le banquier qui doit être convaincu du placement de son argent dans l'exploration ou l'exploitation minière. Ce genre de séminaires seraient porteurs d'espoir et serviraient, à coup sûr, à éclairer sérieusement le mental des pourvoyeurs de fonds qui comprendraient ainsi l'utilité de leurs investissements dans ce secteur minier qui est à l'avant-garde de tout processus de développement du pays. Les instances chargées des portefeuilles miniers, assistés d'experts, se chargeront de la fédération de ces actions pour canaliser les synergies qui en découleraient. Ainsi, il serait judicieux de repenser la mise en place d'un organisme expert qui sera chargé de l'exploration et du développement minier dans ce souci d'actualisation des inventaires de gisements qui seront mis sur le marché : c'est aussi avec cela que l'on peut augmenter la valeur ajoutée hors hydrocarbures dans l'industrie de notre pays où beaucoup reste à faire. A. Z. (*) Expert agréé en études géologiques et minières (Boudouaou) (1) L'édito des Matières premières et devises : hebdomadaires des mois d'avril à juillet