Le bloc défensif des Tanzaniens a contraint notre équipe nationale à jouer à l'emporte-pièce mille et une balle aériennes. Pourtant, il y avait toute une “éternité” pour tenter d'étirer intelligemment la défense adverse. Entre la démission attendue de Rabah Saâdane et la mission “réhabilitation” en République centrafricaine, le 4 octobre 2010, l'EN n'a pas beaucoup de temps pour trouver la bonne formule et les chemins des filets. Le successeur du Cheikh hérite du même groupe ; des mêmes défections et d'un passif lourd. Il doit non seulement s'y résoudre mais il est appelé avant tout à mettre au point un schéma tactique à même de tirer le meilleur parti des forces “inertes” de l'équipe. C'est-à-dire être capable d'utiliser au mieux les qualités offensives — surtout — de ses trois compartiments. Et comme le football est avant tout une histoire de possession de balle, la clé du système tactique du prochain sélectionneur peut se passer de la quête effrénée de la créativité (en attendant la réintégration de Mourad Megheni) et reposer sur l'exploitation optimale de la largeur du terrain avec quatre joueurs à vocation offensive dont les infatiguables arrières latéraux. C'est sans doute la meilleure solution pour tirer profit des atouts maîtres de l'équipe (Ziani et Boudebouz sur les flancs de l'attaque). Ces deux éléments pourraient éventuellement occuper alternativement les côtés et permuter durant les quatre-vingt-dix minutes de la rencontre. Sur la droite, Boudebouz étant assez costaud pour repiquer dans l'axe et décrocher par la suite, soit un tir, soit un centre rentrant alors que sur la gauche, Ziani a toute la latitude pour partir en vitesse, éliminer un adversaire et servir un caviar à l'un des deux attaquants placés comme pivot dans la défense axiale de l'équipe adverse. La philosophie du jeu de l'EN doit être pensée pour ces deux joueurs. Mais pour que ce travail soit bien accompli, il faut mettre sur l'échiquier deux attaquants et non pas un seul, de telle façon à fixer la charnière centrale adverse et l'étirer subitement avec un jeu de passes courtes en losange ou en triangle. Dans cette configuration, le successeur de Saâdane permettra la multiplication des duels avec un gros travail de sape d'un des attaquants laissés comme pivots. Athlétique mais pas forcément technique, ce pivot pourra se créer des espaces autour de lui et remiser dans de bonnes conditions à ces partenaires ; venus soit des ailes, soit par derrière. Cet attaquant même s'il ne marque jamais aura un rôle consistant. Etre le point de fixation de l'attaque algérienne. Le deuxième pivot, en revanche, n'a pas besoin d'être créatif ou décisif. On lui demandera seulement d'être à l'affût, intelligent tactiquement et toujours dans ses positionnements pour être dans les bons moments. Tel conçu, ce schéma tactique implique forcément une tâche considérable pour les deux milieux de terrain restants. Ils doivent donner le tempo et permettre à l'équipe de posséder le ballon et ne pas courir derrière. Pour cela, le collectif doit disposer d'une structure de placement rigide avec des joueurs qui sont remarquablement influents dans l'orientation du jeu. En défense, l'EN n'est pas obligée d'innover et pourra ainsi se contenter d'une ligne défensive classique composée de deux stoppeurs stricts, avec très peu de sautes de concentration. Enfin sur les flancs, les deux arrières latéraux devront apporter plus de soutien aux phases offensives avec une rapidité dans les passes, les courses et les dédoublements. Cette configuration au style direct n'avance sans doute pas la garantie des résultats mais forgera au moins une certitude : l'EN gagnera un plus. Un fond de jeu et des... buts.