L'enquête portera sur les exercices 2007 à 2009 et pourrait durer des mois. Le directeur général d'Orascom Télécom Algérie (OTA), Thamer El-Mehdi, a été auditionné hier par les éléments de la brigade économique et financière de la Police judiciaire de la sûreté de wilaya d'Alger suite à une plainte déposée par la Banque centrale d'Algérie sur des infractions à la législation sur les changes. La Banque d'Algérie estime, dans sa plainte, que “les prestations réalisées les trois dernières années par l'opérateur n'ont pas été soumises aux règles sur le change et les transferts de devises”. OTA avait déjà rejeté ces accusations. Hier, le groupe Orascom Télécom Holding (OTH) a précisé, dans un communiqué, publié à la Bourse du Caire que “le CEO d'OTA marque de téléphonie mobile Djezzy a été convoqué par la police pour enquêter sur les accusations de la Banque d'Algérie contre OTA”. Selon le groupe, le DG de Djezzy a fourni et continuera de fournir des explications sur ce dossier. Thamer El-Mehdi a été interrogé sur des frais d'assistance technique payés à Orascom Télécom Holding (OTH) par sa filiale de 2007 à 2009 et qui n'auraient pas été conformes aux règles de transferts financiers internationaux. Ce que dément OTH tout en précisant “n'avoir pas agi de quelque manière qui ne serait pas conforme à la loi algérienne” et assure avoir commencé à fournir tous les éléments pour répondre aux reproches soulevés par la Banque d'Algérie. OTH ajoute, par ailleurs, qu'OTA n'a pas reçu de nouvelle demande de la part des services fiscaux algériens. Orascom Télécom avait déclaré, en avril, avoir fini de payer une facture de près de 600 millions de dollars d'arriérés aux services fiscaux algériens, notifiée en novembre 2009 portant sur les années de 2005 à 2007. Une source proche de l'enquête nous a confirmé que le chef du département juridique de la Banque centrale d'Algérie avait déposé une plainte auprès des services de la sûreté de wilaya d'Alger contre l'opérateur téléphonique OTA pour “des fausses déclarations sur les activités financières de la filiale algérienne d'Orascom”. L'enquête a été confiée à la brigade économique et financière de la Police judiciaire de la SW d'Alger (un service de police spécialisé dans les crimes économiques). Rien n'a infiltré sur l'audition mais, selon certaines indiscrétions, l'audition a duré plus de deux heures. Le DG de OTA était accompagné par des cadres du groupe dont les responsables juridique et financier. Il aurait nié “toute malversation ou infraction”. Le dossier fera donc l'objet d'investigations minutieuses et les enquêteurs ne manqueront de faire un travail de fourmi sur tous les documents des deux parties pour faire toute la lumière sur cette affaire et établir un rapport ficelé qui sera transmis à la justice. “L'enquête peut durer des mois d'autant que les investigations porteront sur les années de 2007 à 2009”, nous dit-on. Des experts financiers de la police seront mobilisés dans cette enquête. Dans ce cas, une poursuite judiciaire contre Orascom n'est pas à écarter. Selon notre source, l'opérateur est soupçonné d'avoir transféré des fonds frauduleusement vers l'étranger précisément vers Paris, une somme d'environ 2 milliards de dollars. Cette nouvelle affaire intervient quelques jours après les accusations de Naguib Sawiris, P-DG d'Orascom Télécom Holding, contre les autorités algériennes. Le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, avait rejeté ses accusations en déclarant qu'“aucune pression n'est exercée par l'Algérie sur OTA”, soulignant que l'Etat algérien ne fait que “veiller à l'application du droit algérien. Ce même droit qui a permis à OTA de créer une société en Algérie. Cette société est algérienne et obéit au droit algérien”, a-t-il affirmé. Pour rappel, le gouvernement s'est opposé à la vente d'OTA au sud-africain MTN, affirmant vouloir exercer son droit de préemption dans le rachat de Djezzy.