“Il est important, aujourd'hui, de clarifier les choses dans un contexte particulier au lieu de jeter le trouble, au risque de provoquer des tensions !” C'est par ces termes que s'est exprimé le représentant des minotiers d'Oran, lors d'un point de presse, hier matin, en présence du porte-parole des boulangers. En effet, après les déclarations du directeur de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), qui affirmait que certains minotiers, attirés par le gain facile, détournaient des quantités de blé tendre vers le marché informel, notamment pour répondre à la demande des éleveurs d'ovins où la disponibilité du fourrage est en baisse, les professionnels du secteur récusent totalement toute assertion les stigmatisant. “Nous considérons d'abord que de vendre ainsi du blé tendre subventionné par l'Etat est un crime et s'il y a des preuves contre certains minotiers, il n'y a qu'à les sanctionner”, réagit à chaud M. Cherradi, représentant des 35 moulins d'Oran. “Nous avons nous-mêmes fourni à la DCP et à l'OAIC les moyens qui leur permettent de contrôler véritablement l'activité des minotiers. En analysant d'abord le taux d'extraction de la farine, en vérifiant la consommation d'électricité, les factures d'achat de sacs qui sont un moyen sûr de contrôle”, a poursuivi le même interlocuteur. Et d'insister sur cette notion de vérification faite par la DCP, appelée à s'assurer que ses informations sont bonnes, comme le cas d'un minotier pénalisé injustement parce que les contrôleurs de la DCP s'étaient trompés d'adresse. Quant aux raisons de la tension sur la distribution de la farine, les professionnels des moulins ont une toute autre explication, liée essentiellement à la succession de jours fériés et de week-ends prolongés. Le fonctionnement des CCLS et de l'OAIC est fait de telle façon que les minoteries ne sont livrées que les jours ouvrables, soient 22 jours/mois. “Nous avons déjà demandé à maintes reprises de pouvoir être livrés durant ces jours fériés alors que nous avons des quotas de blé tendre de 50% seulement de nos capacités de production et c'est un paramètre qu'il faut prendre en compte en plus”, explique M. Cherradi. Dans ce contexte, l'augmentation de 10% du quota pour les minoteries va effectivement permettre d'atténuer la tension qui existe, tension au demeurant qui ne concerne pas Oran. Mais l'autre revers de cette forme de régulation, selon nos interlocuteurs, c'est de voir à terme le marché inondé de farine, les quantités de stock vont augmenter pour faire chuter les prix. et cela reste une mesure provisoire. Pour l'heure, le prix du quintal de farine vendu aux boulangers est de 2 000 DA. Pour les entrepreneurs, qui ont investi dans les minoteries, c'est une perspective peu encourageante qui se profile. Déjà, ces dix dernières années, les investissements importants qui ont été réalisés dans la construction de minoteries sans autre forme de planification, ont fait que l'on s'est retrouvé avec une surproduction. Les minoteries ont des quotas de blé tendre à hauteur de 50% de leur capacité de production. Résultat ? Nombres de minoteries ont dû fermer, ne pouvant rembourser les prêts d'investissement. Un dixième des minoteries ont mis la clef sous le paillasson ces dernières années. Par ailleurs, dans le contexte tendu et d'émeutes de ces derniers jours autour des prix du sucre et de l'huile, les minoteries et les boulangers estiment qu'il est grave de spéculer ainsi et de faire des déclarations aux conséquences qui peuvent s'avérer contre-productives pour tout le monde puisque, insistent nos interlocuteurs, il ne s'agissait en la matière que de problème d'enlèvement et de livraison.