C'est hier que s'est ouvert le séminaire initié par différentes organisations et ONG, dont le programme de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur le Vih/Sida et le monde du travail, le Bureau international du travail de Genève en collaboration avec l'ONU Sida et l'Institut arabe d'éducation ouvrière et de recherches sur le travail, basé à Alger. Alors que le nombre de personnes infectées par le virus est passé à 500 000 pour la région Moyen-Orient-Afrique du Nord, les statistiques relatives à l'Algérie et émanant du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière parlent de 605 cas au 30 juin 2003. Au-delà de la polémique soulevée par ces chiffres que d'aucuns trouvent bien en deçà de la réalité, c'est l'impact de cette terrible affection sur le monde du travail qui constitue l'essentiel des communications des fonctionnaires du ministère du Travail, ainsi que des représentants d'organisations d'employeurs et de travailleurs de différents pays arabes et africains. Dans son allocution d'inauguration, M. Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, relève que “le sida tend à réduire à néant toutes les avancées réalisées dans le domaine économique et social”, en particulier en Afrique qui se trouve être le continent le plus touché. Sachant que neuf malades sur dix sont des adultes dans la force de l'âge, représentant une population active de travailleurs, dès lors, le problème du sida n'est plus une préoccupation de santé publique seulement, mais une cause de ralentissement de la croissance économique. “En fait, d'ici à 2020, la force économique de 29 pays sud-africains sera réduite de 12%, en raison des décès dus au virus”, rapporte le Dr Benjamin Alli dans son intervention relative à l'impact du VIH/Sida sur le monde du travail. “La productivité baisse parce que la force de travail se meurt ou est remplacée par une main-d'œuvre sans qualification et inexpérimentée”, ajoute l'orateur, qui revient sur le cas dramatique du Botswana qui compte le taux de prévalence le plus élevé du monde en termes de VIH/Sida. “En plus de la stigmatisation et de la discrimination trop souvent associées à cette affection, se pose le délicat problème des orphelins du sida, qui sont injectés dans le marché du travail, en totale effraction des textes internationaux.” Le représentant du syndicat des travailleurs du Soudan, pour sa part, met l'accent sur le travail informel constitué, pour une grande part, de réfugiés fuyant la guerre, de pauvres et d'immigrants, souvent en situation de grande précarité et très peu au fait des méthodes de prévention. Cette forme de travail, décriée par les gouvernements, constitue pourtant le moteur de l'économie au travers des programmes d'ajustement structurel, rappelle M. Alli, qui relève ainsi l'hypocrisie des gouvernants par rapport à des activités illicites qui s'exercent au vu et au su de tous. Au chapitre de la morale, on relèvera la sortie de M. Mohamed Chikh, du ministère des Affaires religieuses pour qui le sida ne peut être combattu que par la sainte union du mariage. Etrange invité dans un séminaire censé faire le parallèle entre sida et le monde du travail ! Il permettra pourtant à la plupart des représentants arabes de poser des questions hors du contexte, à l'instar de M. Kerim Abdallah Hamza d'Irak qui soutiendra : “Mon pays a pour habitude d'effectuer des analyses aux ressortissants étrangers avant leur entrée en territoire irakien, refoulant les séropositifs et se prémunissant de fait du sida.” D. L.