Le mouvement de grève déclenché dimanche par les mécaniciens de la SNTF s'est poursuivi hier. Les gares sont restées quasi vides. Quelques trains seulement assurant le service minimum ou conduits par les chefs de gare ont quitté les stations. Pourtant, les négociations, qui ont eu lieu dimanche entre la direction générale de la SNTF et les syndicats, laissaient croire que les travailleurs allaient opter pour la sagesse. Mais ce ne fut pas le cas, à la grande surprise des syndicalistes. Ces derniers avaient, en effet, suite à leur invitation à une réunion au ministère de la tutelle, décidé de surseoir à l'action de protestation. La sortie des mécaniciens et des conducteurs qui ont préféré exécuter la menace de débrayage, n'a pas été du goût du département de Amar Tou qui a annulé la rencontre prévue hier avec les travailleurs. Le ministre s'était engagé à prendre en charge la plateforme de revendications des travailleurs qu'il avait invités à une réunion lundi. Mais l'action des mécaniciens a tout chamboulé. “C'est dommage, car nous aurions pu mieux négocier avec la tutelle”, regrette un syndicaliste. Selon certaines indiscrétions, la grève des cheminots repose, certes, sur des revendications socioprofessionnelles légitimes mais “elle est polluée par des manœuvres qui n'ont rien à voir avec le volet social”. Les cheminots règlent-ils leurs comptes en prenant en otage des milliers d'abonnés dont le ticket du train est déjà payé alors que la prestation n'est pas assurée ? Après l'échec de la première rencontre, qui a eu lieu samedi à la DG de la SNTF, les syndicalistes ont été conviés à une autre réunion dimanche après-midi. Après des heures de négociation entre des représentants de l'UGTA, les responsables de la Fédération nationale des cheminots et le DG de la SNTF, assisté par deux autres responsables, le conflit a été réglé. La DG de la SNTF a fini par répondre positivement aux principales revendications des travailleurs par des décisions immédiates. Pour le reste des doléances, les trois parties ont convenu de la poursuite des négociations pour parvenir à un accord final. Le PV de la réunion signé par les trois parties présentes est clair : “Après examen de la plateforme de revendications présentée par le partenaire social, il a été retenu la mise en application du déroulement de carrière de l'ensemble des cheminots sur la base de deux années par échelon calculé à partir de l'année 2000”. C'était la principale revendication des cheminots. Idem pour la mise en application de l'avancement à partir du dernier grade acquis avant l'an 2000 sur la base de deux ans par échelon, également. Le reste des doléances, à savoir la révision du régime indemnitaire, l'augmentation des primes IDRP, IEP et la prime de panier, le PV indique qu'elles seront “examinées dans le cadre du réexamen de la convention collective”. Pour justifier le maintien de leur grève, les conducteurs et mécaniciens ont introduit de nouvelles doléances, à savoir l'augmentation d'une autre série de primes : prime de risque, prime de traction, taux du bon de manœuvre et le point indiciaire du calcul de la PRK. En attendant que les cheminots soldent leurs comptes, les usagers sont accostés aux abords des gares par des chauffeurs de taxi qui, à l'entrée, vous informent : “il n'y a aucun train. C'est la grève, vous voulez un taxi ?”