Intransigeants, les occupants de la place des Martyrs ne comptent pas quitter les lieux avant une réponse claire à leurs doléances. L'on n'écarte pas l'arrivée prochaine de “renforts” qui viendront s'ajouter aux troupes déjà rassemblées. Le bras de fer est bel et bien engagé. Les gardes communaux n'entendent plus poursuivre les négociations engagées avec la tutelle, alors que le département de Daho Ould Kablia les menace carrément de radiation. À en croire les déclarations des protestataires campés à la place des Martyrs, une opération visant le désarmement de tous les éléments récalcitrants a été déjà enclenchée, hier, dans toutes les wilayas. En effet, plusieurs fax rendant compte de cette décision, envoyés par leurs collègues de différentes régions, ont été reçus, hier, à Alger, par les délégués des gardes communaux. La menace brandie par le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, n'est pas pour arranger les choses. Au contraire, elle ne fait qu'exacerber la tension. Sa dernière déclaration, faisant état de “la satisfaction à 99%” des revendications des gardes communaux est qualifiée de “totalement fausse ! “Le ministre veut appliquer ce que nous n'avons pas accepté. À présent, nous n'avons rien signé avec lui. On a refusé de fond en comble les propositions qui nous ont été faites lors du dernier round des négociations”, a révélé à ce propos, A. S., un des sept délégués ayant pris part à l'entrevue, tenue avant-hier, avec un représentant du cabinet de la Présidence. Et d'enchaîner fermement : “Au contraire, aujourd'hui, nous affirmons que 99%, voire 100% des gardes communaux rejettent catégoriquement les déclarations du ministre, car refusant les résultats du dialogue.” Intransigeants, les occupants de la place des Martyrs ne comptent pas quitter les lieux avant une réponse claire à leurs doléances. Venu de Aïn Sefra, A. S. n'écarte pas “le renfort” prochainement du sit-in par d'autres “troupes” de gardes communaux, jusque-là “empêchés” de rejoindre Alger. “Le président Bouteflika a décrété la levée de l'état d'urgence, mais Daho Ould Kablia l'applique aujourd'hui pour nous !” déplore-t-il, allusion faite aux barrages de la Gendarmerie nationale et de la police dressés sur les axes menant vers Alger, pour “intimider et empêcher” les éléments de la garde communale tentant de rejoindre leurs amis dans la capitale. Pour les protestataires, seule une intervention du président de la République et son engagement à prendre en charge toutes leurs revendications pourra les convaincre à mettre un terme à leur élan. “Aujourd'hui, nous lançons un appel au premier magistrat du pays pour intervenir et mettre fin à toutes les formes de pression et autres menaces qu'exercent contre nous les services du ministère de l'Intérieur, ce département censé répondre à nos exigences !” a vitupéré, pour sa part, M. L., autre représentant des protestataires, lequel “(s)'en doute d'ailleurs que le président de la République soit informé sur les revendications des gardes communaux”. Revenant sur la plate-forme des revendications, notre interlocuteur regrette, par ailleurs, “les dribles de la tutelle, qui au lieu de répondre à nos propositions, tente de nous tromper en nous proposant des solutions tout à fait contraires à nos revendications”. Pour étayer ses propos, il citera l'exemple de la “demi-retraite” (50% du salaire de base), proposée par le ministère de la l'Intérieur aux gardes communaux âgés de plus de 45 ans et ayant exercé 15 ans au minimum. Une proposition loin de répondre aux aspirations de ce corps qui revendique clairement une retraite complète et applicable avec des salaires augmentés. Pour conclure M. L. estime que “la garde communale, créée dans des conditions d'exception, puis dissoute dans d'autres, aussi peu ordinaires, mérite bien une prise en charge exceptionnelle”. Farid Abdeladim