La maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a abrité hier une conférence-débat sur le “combat historique de la JSK” depuis 1946 à ce jour, animée par notre confrère Mohamed Haouchine, Mouloud Iboud, ancien capitaine d'équipe et international, et le jeune footballeur actuel de la JSK, Kouceïla Berchiche. Mohamed Haouchine est revenu dans son allocution sur le rôle de la JSK dans la lutte identitaire et les stades de football comme seuls espaces de liberté d'expression, soulignant qu'il s'agit là d'un acquis très important qui a fait qu'aujourd'hui on peut s'exprimer partout en toute liberté et en tamazight. Il fera une brève chronologie du parcours de la JSK dans cette lutte, depuis sa création, défiant l'administration et la censure coloniale, qui était pire que celle des pouvoirs publics de l'après-indépendance, rappelant qu'en 1956, la JSK, comme d'ailleurs tous les clubs musulmans algériens, avaient cessé toute activité à l'appel du FLN. Ce même club, la JSK, sera privé en 1962, après l'indépendance, de son premier titre au stade de Saint-Eugène pour des raisons politiques qui feront que la JSK végétera, selon l'orateur, durant des années en division d'honneur, évitant à ce club phare d'avoir une dimension nationale. M. Haouchine rappela la première finale de coupe d'Algérie de la JSK en 1977 qu'il faudrait écrire en lettres d'or, où les chants berbères ont été entonnés par des milliers de supporters imazighens en présence du président Boumedienne. Le conférencier rappela, également, le rôle du sport en général dans la lutte identitaire, citant les exemples du judoka, Saïd Lahcène, médaillé d'or aux Jeux africains de 1978, les handballeuses du lycée Fatma-n'Soumeur de Tizi Ouzou, à leur tête Aziz Tamine, le boxeur Ali Mebarki participant aux jeux olympiques de Mexico en 1968…, et de bien d'autres athlètes qui avaient porté en eux, de manière directe ou indirecte, cette revendication identitaire si chère. Pour sa part, M. Iboud a évoqué le côté nationaliste des joueurs de la JSK dont certains avaient rejoint le maquis durant la guerre d'Algérie et aussi le rôle de cette équipe, longtemps malmenée, dans le déclenchement de la question identitaire. “La JSK a donné beaucoup de martyrs. Nous avons eu à faire un double combat, sur le terrain, pour les joueurs eux-mêmes qui avaient à défendre l'honneur, l'identité et l'histoire de toute une région, puis sur les tribunes, notamment la fameuse tribune n°13, bien connue. celui-là est mené par des supporters amoureux de la JSK et conscients de la cause identitaire, à qui je rends d'ailleurs un grand hommage”, dira-t-il. M. Iboud ira d'une anecdote à une autre, de souvenir à un autre, se rappelant bien de cet agent de la garde républicaine, qui l'avait appelé discrètement, en descendant de l'estrade, lors de remise du trophée en 1977, pour lui dire, en kabyle : “Iboud, comme tu vois, je ne pourrais pas bouger tout de suite, mais ce soir je vais danser !” Des anciens joueurs de la JSK, présents à la rencontre ainsi que de nombreux supporters du club, sont encore intervenus pour confirmer le rôle joué par la JSK dans le cadre de la revendication berbère, et ce, avant d'être invités à la projection d'un film documentaire sur la JS Kabylie intitulé, Assa Azeka JSK thela, thela, (aujourd'hui et demain, la JSK existera toujours), réalisé par l'animateur radio et réalisateur, Slimane Balharet.