Le patron de l'Intérieur a expliqué que la Constitution n'autorise pas la création des partis islamiques qui revendiquent un autre système que celui républicain et démocratique. Pas de place pour les affairistes! Les assemblées élues ne seront plus accessibles aux hommes friqués. Le gouvernement semble déterminé à en finir avec le clientélisme politique. La nouvelle loi électorale va fixer des critères stricts sur la candidature aux élections législatives et locales. C'est l'un des points importants dévoilé hier par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui s'exprimait sur la radio nationale. La loi électorale sera renforcée par une loi organique sur la comptabilité. En d'autres termes, explique le ministre, cette loi définira celui qui est autorisé ou non à faire acte de candidature. Qui seront-ils? Ould Kablia a d'abord cité les magistrats et les hauts fonctionnaires ainsi les éléments des services de sécurité. Sur cette lancée, le ministre précise également que ceux qui exercent des activités commerciales et industrielles ne seront pas admis. Le ministre a fini par lâcher le morceau en parlant carrément des «grands magnats et ceux qui ont le pouvoir financier». Pourquoi? «Parce que nous considérons que dans un pays démocratique et populaire il y a une incompatibilité entre l'argent et le pouvoir», a-t-il argumenté. La déclaration du ministre de l'Intérieur révèle un sérieux défi que celui qu'engage le gouvernement, à savoir l'argent sale. Le Premier ministre a dénoncé haut et fort la présence des lobbies au sein du gouvernement. Cette nouvelle loi apportera de l'eau au moulin du Parti des travailleurs. Louisa Hanoune a sans cesse appelé à la dissolution de l'APN pour en finir avec le clientélisme politique. Ce n'est pas tout. Le gouvernement compte réellement réhabiliter le paysage politique. «La nouvelle loi sur les partis va corriger les insuffisances constatées dans la loi de 1990 qui a été faite dans la précipitation», a affirmé le patron de l'Intérieur. Et d'ajouter: «Nous estimons que cette loi a accordé un agrément à plus d'une soixantaine de partis politiques qui ne remplissent pas leur rôle actuellement.» Le ministre assure qu'aucun parti ne sera agréé avant le deuxième semestre 2012, plus précisément avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les partis politiques. Le champ sera-t-il ouvert à toutes les mouvances? Peut-on s'attendre à un retour de l'ex-parti dissous, Ould Kablia soutient que «c'est un point qui n'a pas encore été discuté». Catégorique, le ministre rappelle que la Constitution ne permet pas la création de partis islamistes. Se référant à l'article 42 de la Constitution, il explique que tout parti qui veut se reconstruire sur une base religieuse, ethnique, linguistique ou raciale n'est pas autorisé. Afin de fermer la porte à toute polémique, il dira:«la constitution n'autorise pas la naissance des partis islamistes qui se revendiquent d'un système autre que le système républicain et démocratique.» Ce principe sera redéfini par la loi fondamentale. L'invité de la radio a avancé que plus de 40 partis attendent l'agrément. Ces derniers doivent avoir des adhérents dans toutes les régions du pays, tenir des assemblées générales régulièrement et des scrutins à bulletin secret. «Or, ce que nous constatons actuellement, c'est qu'il y a des personnes qui sont à la tête de leur formation politique depuis 15 ans, d'autres sont contestés et il y a même des partis politiques qui ont plusieurs directions.» Interrogé sur la révision de la Constitution et la nature du régime politique, le ministre pense qu'il est encore prématuré d'en parler. «On ne peut pas mettre la charrue avant les boeufs», a-t-il affirmé en précisant que la commission juridique travaille sur ce chantier. Le nouveau texte constitutionnel sera le fruit d'une concertation de toutes les parties de la société. Revenant sur la situation sécuritaire et le lien avec Al Qaîda, le ministre n'a pas exclu cette hypothèse. «Je ne dirais pas que c'est une rumeur, c'est une supposition», a-t-il estimé en précisant qu' «il y a une possibilité d'infiltration des armes à partir de la frontière libyenne, si l'on tient compte des derniers attentats». Le ministre lie un peu ce regain à l'évolution de la situation politique dans le pays. Interrogé sur la situation au niveau des frontières, le ministre estime qu'elle est stable.