Il s'agit d'aboutir à un projet de loi qui sera ensuite présenté au gouvernement puis au Parlement, mais “dans un cadre consensuel”. Le ministre de la Communication multiplie ses sorties médiatiques ces derniers jours pour affirmer qu'il compte mettre à exécution les promesses du président Bouteflika en ce qui concerne la presse. Avec le zèle en plus, le ministre annonce qu'une mouture de la nouvelle loi sur l'information devrait être prête d'ici au mois de juin prochain pour être soumise à débat avec les professionnels et d'autres partenaires intéressés. Bien avant lui, des ministres se sont succédé sur ce siège, le plus éjectable de tous, et avaient, eux aussi, promis leurs codes de l'information. De HHC à Boukerzaza, les projets n'ont jamais manqué, les consultations non plus. Dans les pays qui se respectent, les codes de l'information datent du XIXe siècle. “Le code de l'information n'est pas l'affaire d'un ministre ou d'un gouvernement, mais c'est l'affaire de la corporation qui doit être au niveau de la responsabilité qui est la sienne”, a souligné le ministre jeudi au forum d'El Moudjahid. “La révision du code de l'information fait partie des réformes politiques importantes annoncées par le président de la République dans son discours à la nation, et nous allons nous mettre tous autour d'une table pour en débattre librement et trouver conseil auprès de ceux qui ont vécu les 20 ans qui nous séparent de la loi actuelle”, promulguée en 1990, a ajouté M. Mehal. Pour lui, il s'agit d'aboutir à un projet de loi qui sera ensuite présenté au gouvernement puis au Parlement, mais “dans un cadre consensuel”. Il a indiqué que la loi 90-07 portant code de l'information comporte des “aspects positifs”, relevant cependant qu'elle n'a pas pris en compte l'évolution induite par les nouvelles technologies de l'information et de la communication qui a permis l'émergence de la presse électronique et la télévision par Internet (web-TV). Pourtant, une bonne partie de la corporation, à travers une pétition lancée par le Syndicat national des journalistes (SNJ) craint que cette révision ne porte atteinte aux acquis arrachés dans la loi 90-07 “Considérons que la loi 90/ 07 du 03 avril 1990 est l'acte fondateur de la liberté de la presse en Algérie, nous mettons en garde contre toute velléité d'une révision substantielle de cette loi, par ailleurs, garante des normes universellement admises pour une presse libre, organisée et dotée d'instances de régulations et d'un encadrement juridique et législatif digne des démocraties les plus achevées. Exigeons, au contraire des pouvoirs publics qu'ils respectent et qu'ils fassent respecter comme c'est leur devoir, cette loi dont les violations régulières et volontaires sont la cause principale de la situation d'anarchie, de décadence et de précarité de la presse algérienne de ce début du XXIe siècle. Exigeons la réhabilitation du Conseil supérieur à l'information, seule instance habilitée à délivrer la carte nationale de presse et sans lequel l'élection d'un conseil de déontologie ne serait que coquetterie. Nous nous opposons fermement à toute ingérence du pouvoir politique, sous quelque forme que ce soit, dans tout ce qui a trait à l'éthique et à la déontologie, apanage exclusif des seuls membres de la corporation. Pressons le gouvernement de prendre, sans délais, tous les décrets nécessaires à la mise en application du statut du journaliste de mai 2008. Exigeons le déblocage de la loi sur la publicité, prise en otage au niveau du Sénat depuis 2000 (…)” Le ministre de la Communication n'en fait pas état dans son intervention. Au contraire, il s'étale sur les “trabendistes dans le journalisme qui n'honorent pas la profession”, pour fustiger les critères de création de nouveaux journaux. Or, ce n'est pas le code de l'information qui est en cause dans ce cas-là, mais bien les “décideurs” qui font ce qu'ils veulent dans ce registre. À ce propos, M. Mehal s'est dit “offusqué” que des journalistes perçoivent un salaire de 6 000 DA, soulignant que la nouvelle loi sur l'information va entre autres dans le sens de l'amélioration de la situation globale des professionnels de la presse. Dans ce contexte, le ministre a fait état de la décision de mettre en place “une grille nationale (des salaires) pour qu'il y ait un seuil minimum pour les journalistes”. Là aussi, le ministre fait mine d'oublier que le statut des journalistes promulgué en 2008 attend toujours les textes d'application pour permettre à la corporation de se doter de conventions collectives dignes de ce nom. La seule vérité dite par le ministre concerne la création de chaînes de télévision privées : “Ce n'est pas le ministre de la Communication qui décide de ça. C'est une décision politique”, a-t-il affirmé, avant d'ajouter : “Cela dit, je me ferai un plaisir d'appliquer la décision quand elle interviendra.”