Une réunion tenue au siège de la wilaya jusqu'à une heure tardive de la nuit n'a été sanctionnée par aucune décision devant atténuer un tant soit peu la colère des souscripteurs en colère et qui attendent une décision ferme et des critères pour le choix des bénéficiaires. Des centaines de personnes se sont rassemblées, mercredi et jeudi derniers, devant le siège de la wilaya pour afficher leur mécontentement quant à la façon de gérer le dossier du logement social participatif. Depuis les premières heures de la matinée, les demandeurs d'un toit se sont réunis et ont obstrué la voix publique. Un important dispositif sécuritaire a été mis en place, sur fond de tension qui régnait devant le siège de la wilaya en plein centre-ville. En effet, la décision prise par le premier responsable de la wilaya Abdelkader Zoukh et qui a permis aux 35 promoteurs choisis pour la réalisation de 2 600 logements dudit programme d'établir la liste des bénéficiaires a mis les souscripteurs en colère. Selon ces derniers qui ont pris attache avec notre bureau, la wilaya a délégué ses pouvoirs à certains promoteurs qui ne cherchent que le gain facile. “À ma connaissance, dans la dénomination de ce segment du logement, il y a le mot social. C'est à l'Etat de veiller à l'élaboration des listes et au contrôle. Les responsables ne doivent pas déléguer leurs pouvoirs à des entrepreneurs dont le seul souci est de faire fortune”, nous a déclaré un souscripteur. Les promoteurs qui ont fait une fortune lors de la réalisation de l'ancien programme ont exigé le payement cash sans parler des critères de choix des bénéficiaires. “La plupart des promoteurs que nous avons contacté disent qu'ils ont finalisé leurs listes et que la priorité a été donnée aux gens qui payent cash. Ainsi les petites bourses et les fonctionnaires ont été écartés de ce programme car les entrepreneurs refusent de recourir aux banques pour encaisser les prêts contractés par les souscripteurs. Certains industriels qui investissent dans l'immobilier ont réussi à caser leurs enfants en payant cash et ont même choisi les étages et le type des appartements en ajoutant des suppléments”. Ces pratiques constatées et dénoncées par les souscripteurs de l'ancien programme sont toujours d'actualité car aucune mesure n'a été prise à l'encontre des promoteurs qui ont failli à leur mission de promoteurs. Les quinze mille souscripteurs dénoncent et rejettent en bloc le fait que l'administration délègue ses pouvoirs aux entreprises privées. “L'Etat ne doit avoir recours aux promoteurs que pour la réalisation. Il est illogique qu'un promoteur choisisse les bénéficiaires. Les responsables au niveau de la daïra ou de la wilaya doivent établir les listes et les remettre aux entrepreneurs tout en leur faisant respecter le cahier des charges et assurer qu'à la fin des travaux le promoteur encaisse la totalité du prix du logement”, dira un souscripteur que nous avons rencontré devant le siège de la wilaya.De son côté, le chef de la daïra de Sétif, Taleb Mohamed, a tenu à préciser que les souscripteurs dont les dossiers sont déposés au niveau de la daïra n'ont pas à s'inquiéter. “La loi et la réglementation seront appliquées dans toute leur rigueur. Les citoyens qui sont éligibles doivent savoir qu'outre les 2 600 logements lancés, la wilaya aura incessamment un nouveau programme dans le cadre du logement promotionnel aidé (LPA). Je précise aussi que les demandeurs de logements qui n'habitent pas Sétif et qui ont un salaire dépassant les 90 000 da seront rayés des listes soumises actuellement à des enquêtes administratives approfondies. Les listes proposées par les promoteurs ne seront finales qu'après leur validation par la daïra”, dira en substance notre interlocuteur. Mais là aussi, les souscripteurs dénoncent même la manière d'élaboration des listes soumises aux différentes enquêtes. Sur la première liste, qui comporte 3 582 souscripteurs, figurent les noms d'anciens responsables et élus locaux ayant déjà bénéficié de logements et de lots de terrain qu'ils ont cédés à leurs enfants, 1 006 femmes dont 496 célibataires figurent sur lesdites listes. “Je ne comprends pas pourquoi ils ont mis les noms de jeunes filles célibataires. Certains couples, dont la femme et le mari ont assuré que leurs noms existent dans cette liste temporisent pour accomplir l'acte de mariage. Ils attendent de finaliser les procédures pour bénéficier de deux logements avant de consommer le mariage”, nous dira un demandeur de logement, père de trois enfants qui n'a pas vu son nom sur la liste. Pour rectifier le tir et contenir la situation qui risque de prendre d'autres proportions, la commission a soumis d'autres listes à enquête.