On n'y croyait plus ! Et pourtant, la bande des cinq copains d'Index (Salim Samson, Faïz Hamoutène, Fares Touabet, Farid Bouchama et Azeddine Dehili), plus en forme que jamais, revient, après près de neuf ans d'absence, avec un nouvel album de treize titres à l'identité rock, intitulé subtilement Mentoudj Bledi. “En fait, c'est le titre d'un morceau qui n'a pas eu le temps d'être finaliser à temps. Il verra sa place sur le prochain opus, en espérant qu'on ne mettra pas neuf ans pour le pondre encore”, nous explique Salim Samson, chanteur et guitariste du groupe. Il estime également que cet intitulé “remet quelque part en cause (et ironiquement) tout produit de façonnage national à qualité médiocre, et ce pour faire accepter les défaillances techniques et sonore. Une manière de dire "ne m'en voulez pas, je suis comme ça"”. Mais pour apprécier cet opus à sa juste valeur, il faudrait, d'abord, arrêter de le comparer avec le premier album, El Basma (l'empreinte), qui était un véritable coup d'éclat. Mentoudj Bledi est différent de El-Basma même si l'empreinte du pouce est présente sur la jaquette de ce nouvel album, ce qui suggère une continuité. Malgré cela et malgré le fait que Salim défend l'idée selon laquelle, “il y a toujours ce patchwork de sonorités qui reflète quelque part nos divergences musicales, qui est, somme toute, une richesse dans l'éventail sonore”, il est évident à l'écoute que c'est un album à l'identité rock. Un rock progressif avec beaucoup de couleurs et des sonorités élaborés, et la chanson qui inaugure cet album, Klem Ennes (une des plus abouties) le prouve largement. Mentoudj Bledi oscille entre des musiques rythmées, comme Dyslektika et Autoroute rock (avec Hocine Boukella alias Cheikh Sidi Bémol au chant) ; et d'autres qui le sont moins, à l'exemple de Mordjana, Madem et le Souk. La surprise de cet album est la belle reprise de la chanson chaâbi, Assima d'Abdelmadjid Meskoud. Index lui offre une seconde naissance avec un arrangement plutôt folk où la guitare se substitue magnifiquement au mandole, si emblématique dans le chaâbi. “El Assima est une chanson que je jouais souvent à la guitare. Elle a accroché le batteur, Farid Bouchama qui s'est fait un plaisir de l'arranger avec Azeddine Dehili”, nous souligne Salim Samson. Et de signaler : “Elle a séduit son auteur, Abdelmadjid Meskoud, à la première écoute. Ce qui nous a grandement flatté.” Par ailleurs, Index traite de plusieurs sujets de sociaux : cela va des médisances et autres commérages, en passant par la “hogra”, et allant jusqu'à l'identité… africaine. On retrouve l'humour et la dérision dans les textes, mais Index est un groupe qui réfléchit trop et emprunte parfois des sentiers battus. Il parvient tout de même à compenser cela par une quête esthétique sur le plan des sonorités. Index a fait du chemin et son Mentoudj Bledi est la somme des différentes influences et des trajectoires de ses cinq membres.