Aders el Akhir, une production de la coopération du théâtre L'écureuil de Bordj Menaïel a subjugué et cloué au fauteuil le public du Théâtre régional de Batna, jeudi dernier, et pendant une heure et demi, et ce par le jeu des trois comédiens, le décor, le message qu'elle a véhiculé et la distraction et le plaisir qu'elle a procurés. Toute l'histoire se déroule dans un seul espace, qui est utilisé tantôt comme une salle de classe, tantôt comme le bureau d'un directeur et même une fois comme salle d'interrogatoire. La pièce constituée, de quatre tableaux, raconte l'histoire d'une école investie par les chauves-souris, qui blessent l'élève Kamel à la joue et lui transmettent la maladie du crime et de la sauvagerie. En une seule phrase, la pièce nous dépeint la décrépitude de l'école et une kyrielle de causes ou de maux qui l'empêchent de se développer à savoir le programme trop long, la santé des élèves qui souffrent de maladies et qui ne sont pas pris en charge, le manque des moments pédagogiques, les enseignants mal payés et mal respectés par la société. La pièce nous a mis sous les yeux des scènes de querelles ininterrompues entre les élus et les responsables de l'enseignement sur l'esthétique (entre couleur jaune et verte) au lieu de s'attaquer au fond des problèmes qui paralysent l'école. De même la pièce brosse un tableau succinct représentant des scènes d'inspecteurs qui débarquent dans l'école pour perturber l'enseignement au lieu d'apporter une aide, un soutien dans l'exercice de la profession, de valoriser le travail de l'enseignant. Enfin la pièce Aders El-Akhir dénonce les chauves-souris symboles de l'ignorance et d'obscurantisme qui ont armé à la fin de la pièce la main d'un innocent, l'élève Kamel, pour tuer son enseignant, symbole du savoir. La pièce est si bien interprétée et le décor, très simple et strictement codifié, a avantageusement permis de rendre la pièce plus authentique, proche de notre quotidien. Ces éléments seuls constituants du décor ont contribué à créer un univers ; une réalité spécifique à la pièce. Le décor a atteint largement sa portée symbolique et il est même très bavard sur la dégradation physique (mur, matériel pédagogique..). Le décor dans cette pièce ne joue pas un rôle secondaire, mais plutôt un rôle primordial. Une pièce qui a fait rire et pleurer le public, et l'a invité à une profonde réflexion sur les véritables causes de l'échec scolaire et ses conséquences.