La musique tribale et folklorique, dite traditionnelle, dans la wilaya de Batna, comporte toutes les tessitures de la voix humaine, mais des catégories de tessitures sont spécifiques à certaines régions de la wilaya de Batna. Si dans le grand Arris, on trouve la voix baryte et la voix ténor du genre lyrique : puissante et portante le mieux, à l'ouest de Batna, c'est le type ténor léger : voix claire et aiguë qui domine le plus, à savoir dans la région de Ouled Soltane, avec un style vocal qui fait la richesse singulière de la musique chaouie de cette région au regard de la qualité intrinsèque de ses chants et ses musiques folkloriques transmis oralement depuis des siècles.“À Ouled Soltane, les chanteurs travaillent beaucoup les deux catégories : alto et soprano, ceci n'exclut pas les autres catégories. Là-bas, avec une différence avec les autres régions, les femmes chantent à la voix grave et les hommes à la voix aiguë”, nous confie Mohamed Ounissi, chanteur-compositeur. Les témoignages convergent sur la spécificité de la voix des chanteurs de la région d'Ouled Soltane (à l'ouest de Batna) mais tous les musiciens s'accordent à dire que les chanteurs travaillent moins la poitrine, le plus légèrement possible et qu'ils chantent des notes aiguës à pleine voix. L'autre gamme la plus utilisée à Ouled Soltane est la gamme pentatonique. Un chanteur de la région (groupe Sebbaha) indique que “dans les Aurès, on trouve beaucoup d'airs pentatoniques. Même les berceuses chaouies sont composée avec les notes de la gamme pentatonique...” Un seul chanteur nous a parlé de la subdivision tritonique. On explique que cette gamme pentatonique peut être renversée ou transposée dans n'importe quel registre. La musique chaouie dans cette région comme ailleurs dans la wilaya se partage essentiellement entre la musique festive (accompagnement des danses) et la musique de circonstance. La musique et le chant chaouis sont aussi marqués par les terroirs, et en partie, par la division linguistique. Beaucoup de compositeurs ont emprunté des sujets à la musique chaouie pour leur musique. D'autres qui ne prennent pas les airs eux-mêmes ont utilisé les modes et les rythmes de cette musique Les instruments phares utilisés en musique chaouie à Ouled Fatma sont la flûte et le bendir, en notant l'absence de tabal comme ailleurs à Arris par exemple. Ils sont fabriqués localement par des personnes peu soucieuses de la normalisation tonale. La gasba, fabriquée du roseau à Ouled Soltane, est de différentes dimensions. La majorité du temps moins courte que celle utilisée dans les autres régions de la wilaya et porte le plus souvent 7 trous, alors que dans l'est et le sud de la wilaya, elle porte 8 ou 9 trous. Elle a des vibrations rapides... Tout ce que l'on sait, d'ailleurs comme partout dans les aurès, les paroles sont composées sur un air plus ancien. Quand un chanteur voulait composer une chanson au sujet d'un événement quelconque, il le composait sur un air connu précédemment. Le chanteur doit avoir une très bonne mémoire pour apprendre toutes les paroles. Et de plus, les paroles sont souvent changées, volontairement, par le chanteur qui veut corriger la chanson. Les chansons ont été transmises de bouche à oreille, dans les fêtes, les mariages, les circoncisions, et aussi pendant les temps libres, ou le travail. Il est temps de commencer à les enregistrer, parce que combien de chansons les plus anciennes sont maintenant perdues.