Avant même sa désignation officielle par le roi Mohammed VI, le chef du Parti de la justice et du développement, donné vainqueur des législatives marocaines anticipées, a tenu un discours rassurant en direction de l'Occident en affirmant qu'ils n'avaient rien à craindre de son parti. Se préparant à gouverner après leur succès électoral, les islamistes marocains ont commencé par envoyer des signaux rassurants en direction de l'Occident, par la voix du chef de leur parti, Abdelilah Benkirane. Voyant que la France et l'Union européenne, principaux partenaires économiques du royaume ont salué les élections, le patron du Parti pour la justice et le développement a assuré que “l'Occident” n'avait rien à craindre de son parti. “On n'a pas besoin de le rassurer, il l'est déjà”, a-t-il déclaré, car, affirmera-t-il à la chaîne de télévision France 24, “l'essentiel de notre programme et de ceux qui vont gouverner avec nous aura deux axes : la démocratie et la bonne gouvernance.” Sachant que le prochain gouvernement devra nécessairement composer avec le palais, qui conserve de larges prérogatives et joue un rôle d'arbitre alors que le royaume reste confronté à des défis socio-économiques importants, Benkirane s'adressera au roi Mohammed VI en ajoutant que “les Marocains insistent pour garder leur monarchie, mais ils veulent qu'elle évolue avec eux.” C'est dire que le souverain restera aux commandes comme le confirme la politologue Khadija Mohsen, spécialiste du Maroc, qui souligne que “la norme restera définie par le roi (...) qui continuera de présider le Conseil des ministres, et ne peut se contenter d'être en dehors du système.” Ceci étant, la victoire probable du Parti de la justice et développement (PJD), qui était le premier parti d'opposition, intervient un mois après celle du mouvement islamiste Ennahda en Tunisie, pays ayant initié en janvier le mouvement de révoltes dans le monde arabe. Sauf surprise, le chef du PJD, Abdelilah Benkirane, devrait être désigné par le roi pour former un gouvernement de coalition, comme le veulent les usages politiques. Fort de ce score historique, le PJD, qui se veut à “référence islamique” et “monarchiste”, a annoncé qu'il était prêt à entamer les consultations. Plusieurs partis de l'actuel gouvernement se sont déclarés prêts à participer à ces concertations. Parmi eux, l'Istiqlal, parti du Premier ministre actuel Abbas El-Fassi, et l'Union socialiste des forces populaire (USFP). L'Istiqlal, qui occupait la première place dans l'actuel Parlement avec 52 députés, a obtenu 45 sièges, selon des chiffres non définitifs. Le chef du groupe parlementaire du PJD, Lahcen Daoudi, a même tablé sur la conquête par son parti de “plus de 100 sièges”, soit le quart de l'Assemblée. Mettant en avant “l'alternance”, le Premier ministre Abbas El-Fassi a qualifié de “positive” la participation des électeurs “en dépit des appels au boycott.” M. T.