Le programme Marseille Provence 2013 (MP-2013) a été présenté jeudi soir à la Friche Belle-de-Mai en présence de plus de 2 500 invités, des élus et des partenaires économiques de la région. Une ambiance de fête pour “la pose de la première pierre” d'un projet de plus de 600 millions d'euros. Lorsque la politique échoue, la culture vient à la rescousse. Dans une Méditerranée en plein bouleversement géopolitique et face à une Europe qui traverse l'une des crises les plus importantes depuis la Seconde Guerre mondiale, la culture reste cette valeur refuge qui peut donner un peu de gaieté dans une atmosphère maussade. Et quelle ville européenne puisse faire cette jonction entre le Nord et le Sud pour tenter une réconciliation des pays du pourtour méditerranéen ? On a choisi Marseille. Elle sera capitale de la culture européenne en 2013. Lorsque l'UE a lancé l'initiative en 1985 de choisir chaque année une ville pour célébrer la culture européenne, l'objectif était beaucoup plus de consolider les liens du Vieux Continent en pleine construction du projet unificateur. Mais aujourd'hui, Marseille se veut au-delà de ce but. La Méditerranée, berceau des civilisations, est un tout. En présentant jeudi soir à la Friche Belle-de-Mai, le programme des manifestations qui se dérouleront tout au long de l'année prochaine, les responsables locaux ainsi que les principaux partenaires de Marseille Provence 2013 ont insisté sur la profondeur méditerranéenne de la ville phocéenne au moment où le monde arabe “connaît des changements démocratiques”. Bernard Latarjet, responsable du projet Marseille Provence 2013, l'a clairement affirmé : “La Méditerranée est le fil rouge de notre projet et le Printemps arabe nous a poussés à faire mieux et à intégrer d'autres aspects éminemment importants dans cette manifestation.” De son côté, Michel Vauzelle, président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d'Azur a indiqué que la manifestation dépasserait le côté culturel pour s'intéresser aux dossiers conflictuels et aux sujets qui fâchent comme “la mémoire, la migration, le partage de l'eau, la place de la femme dans la société et dans le politique, la xénophilie et l'intégrisme” et d'ajouter que le plus important sera de “rapprocher les jeunesses des deux rives dans cet espace de destin à condition qu'elles se respectent”. La participation algérienne est acquise, selon Jean-François Chougnet, directeur général de MP-2013, qui souligne que bon nombre d'artistes ont déjà donné leur accord en attendant d'autres qui seront invités. “Nous sommes en contact avec les structures culturelles en Algérie pour coordonner la participation algérienne à cet événement”, a-t-il également indiqué. Des artistes d'horizons divers seront ainsi conviés pour débattre de sujets sans tabou afin d'affirmer leur volonté de construire la paix dans une Méditerranée qui n'a pas fini de vivre des conflits aussi déstabilisateurs les uns que les autres à l'exemple du cas palestinien, de la guerre en Irak et des incertitudes qui pèsent de plus en plus sur l'avenir des révolutions en Egypte, en Libye, en Syrie et la situation dans le Sahel. En attendant, Marseille veut mettre à profit cette manifestation pour renfoncer son économie. Le tourisme et les loisirs constituent un des moteurs essentiels de l'économie marseillaise. Avec près de 4 millions de visiteurs en 2010, ce secteur génère près de 12 000 emplois et 700 millions d'euros de retombées économiques. En 2013, il faut compter plus. Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a insisté sur cet aspect à l'heure où la France a perdu son triple A. Lors de son intervention au Silo transformé en une sorte de nouvel “Olympia sur la mer”, le maire a déclaré qu'“avec 4 millions de visiteurs chaque année, 900 000 croisiéristes et 215 000 journées congressistes, 5 000 nouveaux habitants chaque année, Marseille est la capitale euroméditerranéenne”. Et ce n'est pas un hasard si le président Sarkozy se déplacera la semaine prochaine dans la ville phocéenne. À trois mois de la présidentielle, il saisira cette occasion pour parler bien entendu du projet Marseille Provence où plus de 600 millions d'euros ont été investis mais aussi du poids de l'histoire que représente cette ville dans le pourtour méditerranéen. S. T.