Dans la foulée des révoltes arabes, il a rendu publique une lettre adressée au président Bouteflika dans laquelle il stigmatisait le régime. Abdelhamid Mehri, ancien ministre du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et ancien secrétaire général du FLN, est décédé hier matin à l'hôpital militaire d'Aïn Naâdja, à Alger, à l'âge de 85 ans. Avant que la maladie ne le cloue au lit, il a tenté de livrer un ultime combat : démocratiser le régime, devenu à ses yeux inapte à répondre aux défis qui se posent à l'Algérie. Abdelhamid Mehri restera encore pour longtemps comme un homme assez paradoxal. Homme du système pour les uns, pour avoir été du temps de Chadli Bendjedid, dont il était proche dans les années 80, influent au sein de l'appareil du parti, il passe, aux yeux des autres, comme un opposant au régime, notamment depuis son limogeage de la tête du FLN en 1996. Lui, pourtant, répétera à satiété que le FLN dont il fut une figure marquante “n'a jamais été au pouvoir”. C'est dans la lointaine El-Harrouch, dans la wilaya de Skikda, cette ville qui a donné tant de figures au mouvement national, qu'Abdelhamid Mehri voit le jour en 1926. Il rejoint très tôt les rangs du Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj puis le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), dans lequel il fut membre du Comité central. Arrêté en novembre 1954, il est libéré en avril 1955. Membre suppléant au Congrès de la Soummam, Mehri occupe le poste de membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), puis celui de membre du Comité de coordination et d'exécution (CCE). À la constitution du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), il occupe le poste de ministre des Affaires nord-africaines. Au lendemain de l'indépendance, il occupera plusieurs postes de responsabilité dont celui d'ambassadeur d'Algérie en France. Au lendemain du pluralisme politique en 1989, Abdelhamid Mehri choisit la voie qui lui sera fatale quelques années plus tard : rejoindre le Contrat de Rome qui préconisait une solution politique à la crise d'alors en compagnie du FFS, de l'ex-FIS, du PT et de la Laddh et tenter de conférer au FLN une “autonomie” des cercles de décision. Résultat : il sera éjecté de la tête du FLN grâce à “un coup d'Etat scientifique”. La dernière figure unique du FLN Depuis, Mehri s'efface de la scène et n'intervient que rarement à la faveur des forums ou des intervenions médiatiques. En février dernier, dans la foulée des révoltes arabes, il rend publique une lettre adressée au président Bouteflika dans laquelle il stigmatisait le régime et préconise une sortie de crise. “Monsieur le Président, vous êtes aujourd'hui au sommet d'un régime politique dont la mise en place n'est pas de votre seule responsabilité. C'est un régime à l'édification duquel a participé quiconque a assumé une part de responsabilité publique depuis l'indépendance, que ce soit par son opinion, son travail ou son silence. Mais aujourd'hui, de par votre position, vous assumez, et avec vous tous ceux qui participent à la prise de décision, une grande responsabilité dans la prolongation de la vie de ce régime qui, depuis des années, est bien plus marqué par ses aspects négatifs que positifs. Il est devenu, en outre, inapte à résoudre les épineux problèmes de notre pays qui sont multiples et complexes, et encore moins à le préparer efficacement aux défis de l'avenir qui sont encore plus ardus et plus graves.” Cet appel reste sans écho. Hasard du calendrier, il meurt en cette année symbolique pour l'Algérie. Le cinquantenaire de son indépendance qu'il voulait celui du changement. “L'Algérie doit célébrer bientôt le cinquantième anniversaire de son indépendance. Le temps qui nous sépare de cette grandiose occasion est suffisant, selon moi, pour parvenir à un accord entre Algériens pour le changement pacifique souhaité. Le meilleur des présents à faire à nos glorieux martyrs est que l'on célèbre l'anniversaire de l'indépendance avec un peuple algérien fier de son passé et rassuré sur son avenir”, écrit-il à Bouteflika. Il n'aura pas la chance de voir si l'Algérie est sur le chemin des rivages cléments. *Abdelhamid Mehri est né le 3 avril 1926 à El-Harrouch (W. Skikda). * Il s'engagea dans les rangs du Parti du peuple algérien (PPA) puis du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) dans lequel il fut membre du Comité central. * Arrêté en novembre 1954, il fut détenu en prison jusqu'en avril 1955. * Quelques mois plus tard, il fut désigné au sein de la délégation extérieure du FLN et occupa le poste de membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), puis celui de membre du Comité de coordination et d'exécution (CCE). . *Abdelhamid Mehri a été également ministre de l'Information ainsi qu'ambassadeur dans plusieurs pays. * La dernière fonction officielle du défunt fut celle de secrétaire général du parti du FLN de 1988 à 1996. K K