Il est clair que le pouvoir ne pouvait continuer à donner de lui l'image d'une autorité qui agit ouvertement dans le sens du pourrissement. Depuis le tout premier appel au dialogue lancé en direction du mouvement des archs par Ahmed Ouyahia, le 31 mai 2003, et une multitude de conclaves plus loin, l'on n'est pas plus avancé sur la voie d'un “retour à la normale” en Kabylie. C'est que d'une part ou de l'autre, si ce n'est de part et d'autre, on ne s'est pas réellement attelé à mettre fin à la crise en vue de permettre à la région de reprendre sa place dans le paysage politique national. Il est vrai que l'intérêt électoral du Président-candidat n'est pas compatible avec une participation active de la Kabylie à la prochaine présidentielle. Il était donc vital, ou tout au moins utile, de maintenir, autant que faire se peut, le statu quo dans cette partie du pays où les électeurs sont dans leur écrasante majorité hostiles au régime et à ses hommes, Ali Benflis y compris. Il est clair que le pouvoir ne pouvait toutefois continuer à donner de lui l'image d'une autorité qui agit ouvertement dans le sens du pourrissement. Il se devait donc de faire en sorte que l'opinion nationale et surtout celle internationale soient témoins de “ses efforts” et de ses “initiatives” visant à mettre un terme à la crise en Kabylie. Il a cru y parvenir par l'appel au dialogue du 31 mai dernier. On s'en souvient, plusieurs journaux français avaient alors décrit Ouyahia “le Kabyle” comme l'homme le mieux placé du sérail pour mener une telle opération. Parce que prise en charge par un enfant de la région, l‘initiative pouvait déjà, à leurs yeux, prétendre à quelque sincérité. Le reste, Ahmed Ouyahia, l'exécutant et non plus “le Kabyle”, allait s'en charger. Le reste allait consister à trouver la faille, à la provoquer au besoin, au sein même des archs, de sorte à les révéler comme un mouvement incapable d'assumer une quelconque négociation en rangs serrés, sans cacophonie. C'est désormais chose faite. Il avait certes fallu recruter en Kabylie même un personnel ami pour ce faire. Le personnel était disponible et, on le sait, Ouyahia ne sourcille jamais devant ce qu'il “convient” d'accomplir. Aujourd'hui encore, à l'expiration du délai qui lui était imparti, il ne daigne pas répondre aux préalables pourtant résiduels des archs. C'est peut-être sa façon de faire ses adieux au dialogue. Et aux archs. S. C.