50 ans après l'indépendance, de lourds stigmates coloniaux persistent encore à Annaba, provoquant un dysfonctionnement au sein de la société, car il génère nombre de dérapages et de nuisances aux populations. C'est le cas du centre d'hébergement, conçu en préfabriqué par le corps expéditionnaire français dans le cadre de “l'humanisation" de sa politique de la terre brûlée et de la “pacification" à travers des fameuses Sections administratives spéciales (SAS). C'est le cas de la grande cité de Sidi Salem, qui compte une très forte concentration d'habitants, “incrustés" dans le tissu urbain de la grande agglomération que constitue le chef-lieu de wilaya, Annaba. Implanté par les SAS de l'armée d'occupation française, le “ghetto" de Sidi Salem servait de cité d'habitation pour les supplétifs de l'armée française et certaines populations déportées à partir des zones interdites. Les racines de ce “champignon" ont fait ressurgir un bidonville, dont les habitants ont bénéficié d'une opération de relogement, mais tel le phénix, le site renaît de ses cendres à telle enseigne que nous assistons à “la damnation de Sisyphe". Depuis sa création par les “SAS", la zone d'habitation de Sidi Salem a constitué un véritable coupe-gorge, un foyer de tension sociale permanente. La “Assabiya" mal déplacée est présente par gravitation au niveau d'un passage, d'un pâté de baraquements, d'un îlot de masures construites de bric et de broc, où viennent se greffer toutes sortes d'agrégats, soit un puzzle de briques, de parpaings, de tôles galvanisées, d'un mélange de poutres et de restes que charrient les chantiers de construction disséminés à travers la région. Pour beaucoup d'observateurs, les stigmates de la cité de la SAS de Sidi Salem ne seront effacés que quand il y aura une éradication totale de ce bidonville, implanté le long de la plage de Sidi Salem, qui, longtemps, a joué le rôle de “port maritime des passeurs de harraga". Les troubles inter-quartiers, les émeutes éclatent à toute heure de la journée ou de la nuit, les barricades faites d'un amas de pneus usagés qui s'embrasent et bloquent toute activité à proximité de cette poche d'habitation, la réduisant en véritable camp retranché. Tout ce magma végète au sein de la “cité de la SAS", dont les séquelles de la période coloniale persistent de manière récursive. Même si d'énormes efforts et d'importants crédits financiers ont été consentis et dispensés par les pouvoirs publics et consacrés au secteur de l'habitat, depuis l‘accession de notre pays à l'indépendance, ces stigmates demeurent. B. B