Le dictateur capturé ne comparaîtra pas devant une juridiction américaine et encore moins comme Milosevic devant le TPI. Il sera jugé en Irak, assurent les Américains. C'est, du reste, le vœu exprimé par l'ensemble des forces en présence en Irak, qui ont appelé à un procès public du président déchu, façon, qui sait ? Tribunal populaire. Le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa, a déclaré : “Il faut laisser le peuple irakien avoir son mot à dire face à cet événement important qui constitue l'issue définitive de l'ancien régime. C'est le peuple irakien qui doit décider du sort de l'ancien régime et de ses anciens dirigeants.” Le sort de Saddam semble ainsi définitivement scellé, après neuf mois de cavale. Pour autant, peut-on dire que cela va accélérer le processus de passation du pouvoir aux Irakiens ? Rien n'est moins sûr si l'on devait tenir compte de l'extrême complexité de la carte politico-ethnique irakienne. Ceci étant dit, l'an 2004 devrait connaître de grandes échéances pour le parachèvement de la reconstruction institutionnelle de l'Irak. L'Administration Bush s'était engagée à organiser des élections avant juin 2004. Pendant ce temps, plus de 200 soldats américains ont laissé leur peau dans des combats féroces contre une “résistance irakienne” que l'on disait orchestrée par Saddam Hussein himself. Questions : Quel sera le sort de cette résistance irakienne ? Quel va être son devenir, si tant est qu'elle fût inspirée par le charisme résiduel de l'ex-raïs ? L'avenir nous le dira. Voilà encore un attentat à la voiture piégée qui fait 18 morts, dont 16 policiers, à l'ouest de Bagdad. Signe que la guérilla urbaine se porte bien, elle. D'aucuns attendaient de Saddam un geste plus digne, du genre d'un “suicide d'honneur”. Saddam n'a pas jugé utile de mourir en héros. Les images le montrant avec cette étrange tête de fou achèvent ce qu'il y avait en lui de mythique. Il n'est plus qu'un piètre épouvantail. L'ombre de lui-même, misérable, vulnérable, pathétique, pitoyable. Un homme, tombé aussi bas, peut-il encore inspirer quoi que ce soit de glorieux pour son peuple ? M. B.