Le 2 Août 2012, l'immeuble de 2 étages sis au 68 rue Mohamed Belouizdad s'est effondré. Il était 2 h 30 du matin, deux personnes dormaient au dernier étage en toute quiétude car un envoyé de l'APC de Sidi Mhamed leur avait assuré, quelques heures plus tôt, que l'immeuble ne risquait rien et qu'il n'était pas nécessaire de l'évacuer. (Voir photos : http://www.liberte-algerie.com/galerie-d-images/effondrement-d-un-immeuble-de-deux-etages-a-belouizdad-238 ) Cet événement grave a été très peu couvert par la presse officielle; De plus, les quelques informations publiées étaient le plus souvent erronées. Pour ces raisons, je m'adresse à vous afin que la vérité des familles sinistrées soit connue mais également pour que la réalité d'un quartier dont la réputation est de plus en plus ternie soit publiée, car à Belcourt des personnes de valeur vivent toujours. Ce sinistre événement ramène à notre mémoire la tragédie d'Octobre 2010 qui a eu lieu à quelques 50 mètres, boulevard Nacira Nounou, lors de l'effondrement d'un immeuble qui a coûté la vie à une vieille dame et a mis à la rue 8 familles. Voilà ce que le journal «Le Midi libre » racontait déjà: «L'effondrement était dû à des travaux de réalisation d'un immeuble limitrophe,... Au cours du décapage du terrain, l'engin aurait atteint les fondations de la maison voisine. Une jeune résidente rencontrée explique: «Nous avons ressenti la secousse, mais on a pris l'habitude de ce genre de dérangement sauf que là nous étions loin d'imaginer cette catastrophe». C'est ainsi que, les habitants de ce petit immeuble nous font part que les travaux de leur « voisin » débutaient, tous les jours, de 18 h à 1 h du matin» ». Deux ans plus tard, aucun coupable n'a été mis sous les verrous malgré ce crime inacceptable et l'histoire s'est répétée à l'identique. L'immeuble situé 68 rue Mohamed Belouizdad est tombé latéralement selon le même scénario que celui d'Octobre 2010; puisque le 16 Juillet 2012, des travaux de même type que ceux qui ont coûté la vie à la malheureuse dame ont été entrepris par un particulier. Pour rappel, suite au terrible séisme qu'a connu Alger en 2003, les services du CTC ont classé rouge l'immeuble limitrophe au 68 rue Mohamed Belouizdad. Cet immeuble situé alors au numéro 66, a été démoli ainsi que l'ex-cinéma Caméra qui lui était attenant. Un terrain vague en a résulté et a été laissé pendant plus de 9 ans en proie aux trafics divers et aux immondices, lesquels agrémentent honteusement toute l'Algérie. Ainsi, le 16 Juillet 2012, les habitants du quartier ont été surpris par des bruits de chute et par des secousses et des vibrations importantes. Des ouvriers proches de la canalisation de gaz qui alimente le 68 rue Mohamed Belouizdad, démolissaient des pans de mur avec une inconscience insensée, aucun expert n'était présent. Il était midi. Les ouvriers ont été interpellés afin qu'ils cessent leur dangereuse prospection du côté de la conduite de gaz. Un individu qui disait représenter le responsable du chantier a été questionné sur la nature de travaux qu'aucune plaque ne signalait. Il a assuré détenir une «autorisation de la mairie» pour lancer des travaux de construction d'un hôtel de 6 étages. Il a exhibé des documents administratifs et a répété que tout s'effectuait dans la légalité. Pourtant aucune plaque ne signalait ces travaux et aucun expert ne les supervisait. Le jour même, des explications ont été demandées auprès de l'APC de Sidi M'Hamed qui a désigné le service de l'urbanisme comme interlocuteur. Le personnel rencontré a alors été informé des bruits de chute de pierre, des secousses et des vibrations ressenties, et surtout de la peur des habitants du quartier que le drame de Nacira Nounou ne se reproduise. L'interlocuteur du service de l'urbanisme a alors expliqué que la tragédie de 2010 était imputable à un particulier qui avait effectué les travaux de nuit empêchant ainsi les services de l'APC de contrôler la conduite des opérations. Une explication qui n'a convaincu personne. Il a d'autre part assuré qu'une expertise a été réalisée et qu'il n'y avait aucun risque pour l'immeuble limitrophe. A la question de savoir où consulter l'étude en question, il a répondu que les citoyens n'étaient pas autorisés à accéder à ce type d'information mais qu'une plaque de signalisation sera installée et un expert sera envoyé pour superviser les travaux, «dans la semaine ou la semaine prochaine». Ce laxisme généralisé est inadmissible! Un second interlocuteur a expliqué que seul le déblayage du terrain a été autorisé certainement pas les travaux de décapage. Le propriétaire du chantier était dans l'illégalité, il devait en outre installer une plaque de signalisation et un périmètre de sécurité. Les travaux ont été suspendus quelques jours suite aux plaintes déposées auprès de l'APC mais aussi, à cause d'un litige portant sur la démarcation de la partie du terrain appartenant à l'APC (lot où se trouvait le cinéma Caméra). Les travaux suspendus le 16 Juillet 2012 ont ensuite repris en début de ramadan, jusqu'à 2 heures du matin, pendant le week-end sans considération pour les protestations des habitants du quartier. Le travail s'effectuait en toute tranquillité la nuit. Comment l'APC a pu l'autoriser sans tenir compte des habitants du quartier et surtout après ce qui s'est passé en 2010? Après avoir excavé le terrain fin juillet, comme des forcenés, jusqu'à l'aube selon les habitants de l'immeuble aujourd'hui effondré, les ouvriers ont rencontré de l'eau en quantité. Ils ont alors abandonné le terrain; laissant une fosse béante à ciel ouvert sans aucune sécurisation. Où étaient donc les experts qui devaient superviser ces travaux et sécuriser le chantier ? Le premier Août au matin, une jeune femme habitant l'immeuble en question, n'a pas réussi à ouvrir le portail de l'immeuble coincé pour la première fois en plus de 40 ans, elle partait travailler. Un jeune homme du quartier a fait appel à toutes ses forces pour l'aider à décoincer l'imposante porte ancienne en bois massif de plus de 4 mètres de haut. Cette porte donnait accès à une galerie servant de garage pour les familles de l'immeuble. Ce même jour, une profonde fissure d'environs 50 millimètres de large et de plus de 2 mètre de longueur est apparue, elle était inexistante la veille. Face à ces faits inquiétants, deux autres habitants sont rapidement partis (à 9 h 30 du matin) signaler l'incident aux services de l'urbanisme de l'APC, il était évident même pour le profane que l'immeuble a été ébranlé et avait bougé. Le représentant de l'APC s'est rendu 5 heures plus tard sur le lieu du sinistre pour constater les faits: portail coincé, apparition d'une profonde fissure, fenêtres ne se fermant plus et fosse remplie d'eau, non sécurisée. A la question de savoir s'il fallait évacuer en urgence les habitants de l'immeuble, le représentant de l'APC avait assuré que ce n'était pas nécessaire car «ce n'était rien, qu'ils avaient vu des fissures bien plus importantes et que les constructions avaient tenu». Un discours des plus rigoureux et des plus professionnels comme on peut le constater. Le 2 Août à 2 h 30 du matin, seule la famille habitant le deuxième étage se trouve dans l'immeuble, elle est réveillée par un bruit de craquement suivi d'un terrible bruit d'éboulement et par l'apparition d'une épaisse poussière noire confirmant l'effondrement de la partie de l'appartement limitrophe du 66 rue Mohamed Belouizdad. Un inconnu est arrivé le premier pour les aider à sortir vite suivi par la protection civile. Il ne s'agit nullement d'une habitation vétuste comme l'écrivent certains journaux! D'ailleurs les service du CTC l'avait classé en 2007 en catégorie vert 2, soit en très bon étatet l'effondrement n'a concerné que la partie touchée par les travaux d'excavation, le reste de l'immeuble (une grande partie) est resté intact voire habitable. Il s'agit d'un bel immeuble comme on n'en fait plus, il s'agit d'appartements à l'architecture harmonieuse, embellie de mosaïque, il s'agit d'escaliers en marbre parfaitement tenus par les habitants de l'immeuble, il s'agit d'une cour intérieure énorme où fleurissaient des rosiers. Une œuvre admirable faite par des maîtres en la matière, créateurs de beauté. Il s'agit d'un immeuble qui a longuement résisté au temps et aux séismes qui ont frappé Alger. Il n'a malheureusement pas résisté aux actes de vandalisme que certains ont l'audace d'appeler des travaux de reconstruction. Car l'immeuble s'est effondré à cause du laissez-aller et du mépris de ceux qui sont payés pour être au service du citoyen. Les vies de nombreux citoyens algériens ont été mises en danger selon un schéma absolument identique à celui qui a eu lieu boulevard Nacira Nounou sauf que par la grâce de Dieu, l'effondrement n'a pas eu lieu pendant que la famille prenait son repas dans la pièce aujourd'hui effondrée ou que les enfants y jouaient, ni pendant que les jeunes élèves du centre de formation du premier étage assistaient à leurs cours ou empruntaient la galerie qui a disparu sous les gravats. Ou pendant que la jeune femme du second démarrait sa voiture, aujourd'hui écrasée sous la maison. Ce sont là les faits tels qu'ils se sont produits, les responsables de ce malheur sont connus. Nous attendons que soient sanctionnés ceux qui ont failli à leur responsabilité et que soient indemnisées les victimes de ce drame. Et surtout qu'aucune nouvelle vie ne soit risquée dans le futur. Nous demandons à la presse de dénoncer ce genre de comportement et de ne pas accepter la désinformation qui prétend que les vieilles bâtisses à Belcourt sont toutes condamnées. Cette bâtisse aujourd'hui sacrifiée aurait pu faire partie du patrimoine national tout comme le reste des bâtiments du centre d'Alger. L'immeuble a été abandonné aux pillards, ils ont détruit la porte d'entrée de l'appartement du dernier étage à coups de hache profitant honteusement de la détresse de leurs concitoyens. Ces individus ne représentent pas les gens de Belcourt. A Belcourt, il y a toujours des citoyens honnêtes, respectables et debout malgré un environnement inacceptable dû au laissez-aller de ceux qui n'ont pas rempli honorablement leurs fonctions. A Belcourt, il y a encore des habitations dignement entretenues et méritant de faire partie de l'histoire nationale au même titre que la Casbah mais qui sont ignorées voire détruites par ceux qui sont en charge de protéger la ville et ses habitants. Après la tragédie d'Octobre 2010, après les manquements à la loi qui ont coûté la vie à une femme, après que des familles aient été jetées à la rue, la ville d'Alger a de nouveau délivré un permis de construire à un individu qui a utilisé la même méthode criminelle de travail. Comment l'APC a pu de nouveau fermer les yeux? S'attend-on à voir tomber de la sorte tous les bâtiments de Belcourt? Les habitants de Belcourt sont-ils méprisés au point où leurs vies ne représentent rien et que leurs morts ne soient que des faits divers? Les réponses sont toujours attendues car nous espérons une enquête indépendante. Une véritable investigation des journalistes serait bienvenue. Copropriétaires,immeuble 68 rue Mohamed Belouizdad