Après avoir occupé une partie du nord du Mali, les groupes terroristes ont commencé à s'occuper de la population et à s'attaquer à tous les symboles de la culture et de la liberté. En premier lieu, les journalistes. Les terroristes du Mujao ont ciblé à plusieurs reprises des journalistes des radios locales du nord Mali. Le 5 août, des éléments du Mujao ont visé Abdul Malick Ali Maiga, un journaliste de la radio Aadar Koima (la joie de la colline). Il a été frappé, menacé et humilié avant d'être libéré. Son tort est d'avoir couvert et donné écho aux manifestations anti-islamistes de la population de Gao et de Tombouctou. Ils ont récidivé le 20 août en rendant visite à la radio Hania. La police islamiste du Mujao a interrompu l'émission “Couleurs tropicales" qui diffusait de la musique. Le directeur de la radio, Kader Touré, a dénoncé cet acte par lequel les terroristes entendent imposer le black-out sur les manifestations populaires et la mobilisation encouragée par les radios hostiles à leur présence dans cette région. En effet, les radios, très écoutées au Mali, ont joué un grand rôle dans la mobilisation de la population qui est sortie dans la rue défier les terroristes du Mujao. Pour faire cesser la vague de résistance qui commençait à naître, le groupe terroriste a chargé sa police d'intimider et de terroriser les intellectuels et les journalistes. Trois semaines avant, c'est le doyen de la presse malienne, Saouti Haidara, qui est agressé et menacé. En réaction à ce grave dépassement, les associations de défense des journalistes ont organisé une journée sans presse (journée presse morte) pour dénoncer le diktat des terroristes et en soutien à la liberté d'expression. De son côté, la population a pris position en venant manifester sa solidarité avec le journaliste de Aadar Koima devant le siège de la police du Mujao jusqu'à sa libération. Pour sa part, le très influent El-Hadj Mahmoud Dicko, président du Haut-Conseil islamique (HCI) a clairement pris position et ouvertement dénoncé l'attitude et la présence du Mujao au Mali. Dans une déclaration le 11 août, il a appelé carrément à chasser les terroristes du pays. “Ceux qui veulent appliquer la charia au Mali doivent être chassés hors du territoire", a-t-il déclaré. Avant lui, le maire de Gao, Sadou Harouna Diallo, a salué le courage et le patriotisme des jeunes qui ont manifesté dans sa ville et les a encouragés à continuer à résister aux terroristes.