Tout au long de cette manifestation, des conférences sur différentes thématiques se tiennent à la maison de la culture. Dans cette première rencontre, l'écrivain Rachid Mokhtari est revenu sur les “obsessions" et la philosophie du poète et chanteur Slimane Azem. Dans le cadre de la cinquième édition du Festival de la musique et de la chanson kabyles de Béjaïa s'est tenue, mercredi dernier, une conférence sur “Slimane Azem, entre poésie et chanson", à la Maison de la culture. Animée par l'écrivain Rachid Mokhtari, cette rencontre a réuni des inconditionnels et amoureux du patrimoine artistique kabyle. Durant son intervention, le conférencier est revenu sur les obsessions, la philosophie et le regard que portait ce chanteur sur la musique kabyle. D'ailleurs, il a proposé sur cette illustre voix “une analyse critique sur un aspect du répertoire du chanteur populaire". L'artiste Slimane Azem était “continuellement aux prises avec les soubresauts psychologiques et affectifs générés par le statut d'exilé, ce malstrom d'émotions et de ressentiments sont enveloppés d'une pellicule manichéenne", a-t-il indiqué. Et d'ajouter : “Il est considéré comme l'un des rares artistes à avoir engagé une réflexion sur ses propres créations et son propre répertoire." Dans cette analyse apportée par l'écrivain-journaliste, il est démontré que “Slimane Azem semble n'avoir pas cessé d'être tourmenté par son attachement obsessionnellement tenace à faire la différence entre leghna et ch'na", a-t-il fait savoir. Le mot “leghna" (chant) est un vocable d'origine arabe et assez péjorativement connoté par Slimane Azem. Quant au mot “ch'na", il est d'origine purement amazighe, vocable auquel le chanteur confère une certaine “noblesse", voire même des “vertus thérapeutiques". Cette dichotomie entre “leghna" et “ch'na" sera récurrente dans l'œuvre et les interventions de Slimane Azem. Ce dernier a toujours été convaincu que “ch'na" (dont la signification est la même que “leghna") est un concept qui “s'auto-transcende pour être connoté avec les valeurs métaphoriques de la poésie et des valeurs kabyles anciennes". Concernant la signification de “leghna akw dh ch'dhah", (la chansonnette et la danse vulgaire), pour le chanteur, elles sont enveloppées “d'anathème et ne sont faites que pour distraire les naïfs dans l'esprit de Slimane Azem", a-t-il précisé. Cet artiste considérait “ch'na" comme la plus haute “performance de la parole lyrique et à la fois un vecteur et une opportunité de réflexion sérieuse sur la condition et les servitudes humaines", a appuyé Rachid Mokhtari. Outre ses théories sur la beauté du “ch'na", Slimane Azem s'est intéressé à une autre activité : la poésie qui “vise un autre domaine tenant à la fois de l'art raffiné et des belles lettres, voire de la philosophie qui surplombe ch'na". M B