Sid-Ahmed Ghozali n'a pas pris de gants pour descendre en flammes le pouvoir. S'exprimant lors d'une conférence de presse à Montréal, le président du Front démocratique (FD), un parti non agréé, est revenu sur les élections législatives du 10 mai, pour dire que ces élections étaient mal parties puisque les résultats étaient décidés à l'avance. “J'ai vécu 9 élections depuis l'arrivée de Bouteflika à la présidence. À chaque fois, le scrutin était entaché par des résultats faussés d'avance. Un pouvoir qui fait cela à neuf reprises et qui vient nous dire que, cette fois-ci, cela va changer, je ne peux pas le croire", a soutenu M. Ghozali, avant de renchérir : “J'ai été moi-même interdit de candidature". Abordant les lois votées dans le sillage du Printemps arabe, l'ancien chef du Gouvernement dira que ce ne sont pas les lois qui posent problème, mais plutôt leur application. Pour lui, la nouvelle loi sur les partis “est absolument contraire au droit juridique. Elle ne doit jamais être rétroactive". “Cette loi entérine ce qui est illégal", dit-il en référence au non-agrément de son mouvement, dont le dossier administratif, soutient-il, a été déposé depuis des années. “On me demande de déposer le dossier, alors que celui-ci a été déposé depuis belle lurette et toutes les conditions ont été remplies. Et au ministère de l'Intérieur, on nous dit à chaque fois que le dossier était à l'étude", rappelle Ghozali. “Le gouvernement n'ose pas dire non et ne peut pas dire oui à notre demande d'agrément, alors il donne des directives verbales pour nous empêcher d'exister et d'activer", dénonce l'orateur. Cela a fait comprendre au conférencier que “le pouvoir a d'énormes difficultés à s'imbiber du respect de la loi. Il ne veut pas d'opposants", martèlera encore l'ex-chef du Gouvernement, qui reproche au système politique de regarder les Algériens comme “des tubes digestifs". “Il faut que le pouvoir se départisse de cette attitude", suggère-t-il par ailleurs. Ghozali estime que le pouvoir n'est pas entre les mains de ceux qu'on voit dans des postes de responsabilité au niveau des institutions. “C'est un véritable pouvoir clandestin qui dirige le pays et qui veut infantiliser le peuple", a-t-il conclu. Sid-Ahmed Ghozali a participé le même jour, avec Wassila Tamzali, à une table ronde sur les conséquences du Printemps arabe, organisée à HEC de Montréal. La veille, il a donné une conférence dans le cadre de la semaine culturelle organisée par la fondation Club Avenir. Lors de cette rencontre, Ghozali est revenu sur les étapes de la construction de l'Etat algérien depuis l'Indépendance. Y. A.