Après la découverte d'armes et de matériel explosif dans un parking de Torcy, le procureur a annoncé la prolongation pour 24 heures des 12 gardes à vue en cours dans l'affaire de la cellule islamiste démantelée dans la nuit de dimanche à lundi. Un vrai arsenal dans des caves d'immeubles et des box de ce parking en Seine-et-Marne. Lors d'une conférence de presse mercredi matin, le procureur de la République de la région en a livré une liste assez détaillée : il a évoqué tous les éléments utiles à la fabrication d'explosifs, notamment des sacs de nitrate de potassium, du soufre, du salpêtre, des récipients type cocotte-minute, et des ampoules de phare, de quoi composer facilement ce qu'il a qualifié d'engins explosifs improvisés. Egalement présents dans le box, un fusil à pompe et une arme de poing. Ces découvertes ont d'ailleurs, a-t-il souligné, poussé les enquêteurs à suspendre leur perquisition le temps nécessaire à la sécurisation des lieux, avant de pouvoir reprendre leurs recherches tôt mercredi matin. Quant à la personne utilisatrice du box, c'est la même que celle chez qui a été découverte une liste d'institutions israélites, a également noté le procureur. Ce coup de filet anti-terroriste a d'autant plus été fructueux que les premiers suspects se confiaient sur le web, affichant ouvertement et sans précautions leurs convictions sur la Toile ! Des débutants ! La cellule est composée de Français d'origine récemment convertis au salafisme. Manuel Valls, “le Sarko de la gauche" a parlé de terrorisme “dans nos quartiers", en dévoilant la découverte à Torcy : “De quoi fabriquer des engins explosifs." Ce sont donc non seulement des Français, ce qui coupe l'herbe sous le pied du Front national et des ultras de l'UMP, les deux habitués à pointer le doigt vers les communautés musulmanes amalgamant islam et terrorisme, mais aussi des éléments prêts à l'action. Deux des douze personnes interpellées samedi dernier avaient été arrêtées dans une cité de cette ville de Seine-et-Marne, un ghetto livré à lui-même, les autres ailleurs, à Cannes notamment. Leur chef, Louis-Sidney, a été lui tué, arme à la main, lorsque les policiers sont venus le chercher à Strasbourg samedi. Trentenaire, Louis-Sidney est natif de Seine-et-Marne et des habitants racontent l'avoir vu au Mail où il s'y rendait souvent. Il a participé à l'attaque de Sarcelles, ses empreintes digitales ont été retrouvées sur la cuillère de la grenade lancée en direction de l'épicerie casher. Polémique dans la presse française qui se demandait hier combien seront mis en examen et pour quels faits précisément ? Les deux terroristes ramassés dans leur quartier du Mail à Torcy sont décrits par leurs voisins comme des hommes “serviables, musulmans pratiquants investis dans la vie du quartier". Pour d'autres, ils s'étaient refermés sur eux-mêmes récemment. Le premier avait été surpris par la police samedi matin, portant une arme chargée en revenant de la salle de prière, et le second dans la soirée, toujours dans le Mail. Les enquêteurs pensent que c'est dans cette localité que se sont rencontrés une partie de ces jeunes Français, arrêtés dans l'enquête sur l'attaque à la grenade perpétrée le 19 septembre contre une épicerie casher de Sarcelles dans le Val-d'Oise. Mais la cellule de lutte antiterroriste pense plutôt que le centre névralgique du groupe serait Cannes dans les Alpes-Maritimes, où trois hommes avaient été arrêtés. Parmi eux figure Yann Nsaku, un jeune espoir du football français. Comme les neuf autres, ces trois hommes ont été transférés en région parisienne. Le ministre de l'Intérieur de François Hollande, qui a repris les arguments sécuritaires de son prédécesseur, a instruit ses policiers pour “prévenir tout risque d'une attaque terroriste en France". Le procureur a en effet évoqué la possibilité que des membres de cette cellule puissent encore être en fuite. D. B