De nombreux questionnements étaient au cœur du colloque organisé, hier, par l'association Les amis de Abdelhamid-Benzine (Alaab), à la filmathèque Mohamed-Zinet de Riadh El-Feth, à Alger. Consacrée au cinquantenaire des médias algériens et donc aux questions d'histoire, aux réalités, mais aussi aux défis de la liberté d'expression, cette rencontre, qui s'achèvera aujourd'hui, a donné l'occasion aux intervenants, dont des professionnels de l'information, et aux autres participants, de toucher du doigt “la complexité" du thème et même celle du rôle du journaliste. Ceci en liaison avec, à la fois, l'offensive libérale à l'échelle internationale et les mutations imposées au paysage médiatique national, de l'indépendance de l'Algérie à ce jour. Dans son intervention d'ouverture, le président de l'Alaab, Belkacem Mostefaoui, a estimé que “les outils de liberté et de communication sont d'une importance décisive". Pour ce professeur à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information (ENSJSI), les 50 ans d'Indépendance n'ont pas permis encore à l'Algérie d'entrer dans “la modernité". Aussi, s'appuyant sur le champ médiatique actuel et l'ouverture prochaine de l'audiovisuel au privé, il s'est demandé si “une nouvelle configuration antipouvoir d'Etat pourrait produire l'algérianité". Intervenant sur le cadre général d'évolution des médias, les orateurs ont, pour la plupart, révélé que l'ouverture du champ médiatique ne saurait se passer de la démocratie, laquelle signifie pluralité et diversité. Encore moins des questions d'éthique et de déontologie. En outre, ils ont rappelé qu'après l'Indépendance, notamment avant la promulgation de la loi sur l'information d'avril 1990, le pays importait des journaux d'Europe et de pays arabes. À l'époque, seulement une cinquantaine de journaux nationaux évoluaient sur le champ de la presse. “Tous étaient contrôlés assez sévèrement par les organismes d'Etat et avaient un contenu quasi identique", a signalé Belkacem Ahcène-Djaballah, enseignant associé à l'ENSJSI, sans manquer de parler sur “les ravages" de l'autocensure. Il a néanmoins avoué qu'il y avait, en ce temps-là, “des moments, voire des espaces de liberté" en matière d'information, citant l'hebdomadaire Algérie-Actualités, la revue Révolution africaine et même celle d'El-Djeïch. Dans son exposé, Ahcène Djaballah, par ailleurs, a rappelé que le secteur de la presse écrite rassemble, à la fin 2012, quelque 6 000 journalistes, exerçant dans plus de 320 titres de presse, dont 129 quotidiens, en se basant sur les chiffres du ministère de la Communication. Mais, qu'en est-il du bilan des 50 ans de presse écrite ? “Globalement, ce secteur a un niveau de développement plus qu'appréciable, surtout sur le plan quantitatif", a répondu Ahcène Djaballah. Quant au secteur de l'audiovisuel, ce dernier affirmera qu'il était “à l'image de ce qu'elle est aujourd'hui", et ce, malgré “le grand changement" venu des satellites et d'Internet. “Nous avons fait beaucoup, mais nous pouvons mieux faire", a-t-il résumé, après avoir jugé la nouvelle loi organique sur l'information (de février 2012) de ni “libérale" ni “liberticide". De son côté, le journaliste Boukhalfa Amazit a situé d'autres contradictions. D'après lui, la presse, par la plume de Frantz Fanon, Réda Malek, Abane Ramdane et tant d'autres, était plus libre pendant la guerre de Libération. “C'est dans la camisole politique et idéologique que la presse a évolué" pendant ces 50 ans d'indépendance, énoncera-t-il. L'avis de Mohamed Bensalah est plus tranché. “Le système médiatique est toujours verrouillé", a déclaré l'expert en communication. H A