Contrarié par la demande introduite par l'assemblée générale de l'ONU auprès de la Cour internationale de justicede La Haye pour statuer sur la légalité du mur de sécurité que construit Israël dans les territoires palestiniens, Ariel Sharon tente de trouver une solution avant l'audience programmée pour le 23 février prochain. Sachant pertinemment que le verdict que rendra la Cour internationale de justice sera défavorable à Israël, en raison de l'absence d'arguments juridiques pouvant justifier la construction de la clôture de sécurité, le Chef du gouvernement de l'Etat hébreu se retrouve devant un véritable dilemme. L'avis consultatif sur “les conséquences en droit du mur qu'Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé” demandé par l'assemblée générale de l'Organisation des Nations unies, constituant un véritable risque de voir Israël mise en minorité sur la scène internationale, Ariel Sharon cherche à trouver rapidement une solution pour éviter cela. Il tentera de gagner du temps jusqu'à la fin du mois, date à laquelle la Cour suprême israélienne rendra son verdict sur la légalité de cette clôture, pour être fixé sur la solidité des arguments juridiques présentés par son cabinet avant d'affronter les magistrats de la cour internationale de justice. Entre-temps, le leader du Likoud laisse entendre par la voix de son ministre de la justice, Yossef Lapid, une possible modification du tracé, voire même sa réduction à 200 km seulement au lieu des 730 km actuellement. Le nouveau tracé évitera l'encerclement de dizaines de localités palestiniennes ainsi que l'isolement des 350 000 Palestiniens, tel prévu jusqu'à maintenant. Lapid a mis en garde ses collègues du gouvernement sur les possibilités de voir Israël devenir la nouvelle “Afrique du Sud”, rappelons-le, condamnée et boycottée par la communauté internationale en raison de son régime d'apartheid. “Avec le tracé actuel et sans le soutien des Américains, nous ne pourrons pas survivre au jugement de La Haye”, a notamment affirmé le ministre de la Justice israélien. Devant les risques encourus, Sharon envisage également de discuter, au courant de cette semaine, avec les responsables militaires israéliens de l'éventualité de modifier le tracé. En cas d'accord, un nouveau vote au gouvernement est nécessaire pour l'entériner. Néanmoins, bien que la bataille sur le plan juridique est perdue d'avance, Ariel Sharon ne veut pas baisser les bras. Il a fait appel, selon la presse israélienne, à deux agences de publicité américaine et européenne pour lancer une campagne en direction de l'opinion publique internationale pour la convaincre que le mur de sécurité n'est qu'un “projet défensif”. Côté palestinien, Yasser Arafat veut que la Cour internationale de justice rende un verdict “juste” à propos de cette ligne de séparation qu'il qualifie de nouveau “mur de Berlin”. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle se mobilise contre cette muraille qui n'est, en fait, qu'un moyen d'annexer des territoires faisant partie du futur Etat palestinien que prévoit la feuille de route du quartette international. K. A.