Human Rights Watch a profité du Forum social mondial pour fustiger le gouvernement tunisien. Par la voix de son directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord, HRW met de la pression sur les députés de l'Assemblée constituante au sujet de l'indépendance de la justice. “La Tunisie a désespérément besoin d'une justice indépendante après toutes ces années où l'autorité politique a manipulé les tribunaux, privant de justice tellement de personnes", a déclaré Eric Goldstein. L'association exhorte l'Assemblée nationale constituante à s'engager à bâtir une justice affranchie de l'ingérence du gouvernement. À quelques jours de l'examen d'un projet de loi devant mettre en place la nouvelle instance provisoire de la magistrature en remplacement du Conseil supérieur de la magistrature, cette loi suscite encore l'inquiétude quant à l'étendue de l'influence que les ministres continueraient à avoir sur les sanctions disciplinaires à l'encontre des juges et sur d'autres questions affectant leur indépendance par rapport au gouvernement. “L'Assemblée a aujourd'hui une chance de mettre fin aux abus cyniques du système judiciaire en adoptant une législation solide sur l'Instance de la magistrature", pouvait-on lire sur le communiqué. L'association pointe du doigt dans ce communiqué une lenteur des progrès réalisés par les autorités en matière d'indépendance de la justice, depuis le départ de Ben Ali en 2011, en particulier les ingérences du ministre de la Justice dans la nomination et l'avancement des juges, mais aussi leur révocation. Il est utile de rappeler la révocation, jugée injuste et arbitraire, de 75 juges, accusés par Noureddine Bhiri de corruption et d'autres écarts de conduite, sans pour autant leur donner la possibilité de se défendre de façon appropriée, ignorant là les critères fondamentaux d'équité et de transparence et violant les normes internationales pensées pour protéger l'indépendance de la justice. “La façon dont le ministre de la Justice a renvoyé plus de 70 juges en mai dernier a porté atteinte à toute notion d'une indépendance de la justice qui pourrait être facilement établie dans la Tunisie de l'après-Ben Ali", a déclaré Eric Goldstein. I. O.