Résumé : Fouzia n'est pas rentrée chez elle. Elle cherche des notaires dans le quartier. Une traductrice lui donne deux adresses, elle s'y rend. Une secrétaire la reçoit et promet de l'appeler au retour du notaire. Fouzia lui a laissé son numéro avant de repartir. Elle doit impérativement trouver la preuve que son oncle lui a laissé le studio en héritage si elle ne veut pas se retrouver à la rue... Fouzia s'arrête. Elle a mal aux pieds. Ils sont enflés, et même si elle souffre d'avoir porté ses chaussures, trop longtemps, elle ne les retire pas, sachant qu'elle ne pourrait plus les remettre ensuite. L'espoir de trouver d'autres notaires lui a permis de tenir des heures. Elle hèle un taxi qui a un client à l'avant. Il ralentit et baisse la vitre. - Salam alikoum, boulevard Mohammed V ? demande-t-elle. - Non ma fille. Le chauffeur redémarre sans lui préciser où il se rendait. Fouzia tente d'en héler d'autres mais ils sont tous occupés. C'est l'heure de pointe. Elle aurait dû penser à rentrer plus tôt. Elle abandonne et poursuit son chemin jusqu'à la place des Martyrs. Elle profite de l'arrêt d'un bus, pour monter. Le bus est bondé. Elle reste au fond, parmi de jeunes lycéens. Ils se moquaient de leur camarade qui s'était assoupi durant le cours de sciences naturelles. La prof lui avait tiré l'oreille pour le réveiller. Il aura moins deux s'il n'obtient pas la moyenne à la prochaine composition. Fouzia se rappelle le temps où elle était lycéenne. Elle voudrait leur conseiller de travailler, pour ne pas subir l'échec toute leur vie, mais il y a un homme qui la scrute depuis sa montée dans le bus. Elle se tourne face à la vitre du battant, pour éviter son regard. Elle n'est pas d'humeur. Elle a l'habitude de côtoyer des hommes au sein du ministère où elle travaille depuis deux ans. Elle n'a jamais eu de problèmes avec ses collègues qui se sont avérés être des frères pour elle. A plusieurs reprises, elle a dû en remettre quelques-uns à leur place quand ils ont tenté leur chance. Mais ils l'ont bien pris. Elle refusait d'avoir un petit ami au bureau ou même au sein du ministère. Elle regarde son reflet dans la vitre. Elle est belle avec ses cheveux châtains clairs qui retombent sur ses épaules. Elle a de jolis traits. Tous, hommes et femmes, la trouvent belle. En fait, tous recherchent sa compagnie au bureau. Tous la trouvent sympathique. A part ses cousins... Elle soupire tout en pensant en particulier à Hamid. La cinquantaine entamée, il est petit, trapu et charmant. Elle le trouvait adorable avant aujourd'hui. Même si la relation avec ses cousins n'est pas chaleureuse, elle les respectait beaucoup. Elle se demande si son cousin n'avait pas usé de la faiblesse de son père, pour tout s'approprier. Elle est surprise de le croire plein de bassesse. Il loue des locaux à une entreprise étrangère. Il est riche, possède villa avec piscine. Même ses enfants étudiants ne résident pas à la cité universitaire. Il leur a acheté des appartements équipés. Il n'est pas dans le besoin, alors pourquoi réclamer ce studio ? Elle ne le connaissait pas sans cœur. Comme quoi, les apparences sont trompeuses. Même si son oncle le lui a laissé, il aurait pu se montrer soucieux de son avenir. Il sait qu'elle n'a pas où aller. Son oncle doit se retourner dans sa tombe. Quand il lui avait dit d'aller s'installer dans le studio, c'était de façon définitive. Elle est sûre et certaine qu'il a dû tout manigancer depuis la mort de son oncle. Mais pourquoi a-t-elle envie de crier en descendant du bus à la place Audin ? Elle a encore mal aux pieds et décide de héler un taxi. Elle a de la chance. Un taxi s'arrête et veut bien la déposer au boulevard Mohamed V. -Avant la pompe à essence, précise-t-elle. Elle a hâte d'arriver chez elle. Elle a besoin de souffler, de prendre du recul. Elle doit tenter de comprendre pourquoi il voulait le studio, et surtout trouver une solution à ce problème, si elle ne voulait pas se retrouver dehors. Elle sait qu'il n'hésitera pas à le faire... (À suivre) A. K. Nom Adresse email