De 38 millions d'habitants aujourd'hui, l'Algérie passera à 43 millions en 2020, avec une profonde restructuration de la pyramide des âges aux implications socioéconomiques considérables, si les pouvoirs publics ne prennent pas dès à présent de réelles mesures de relance de la croissance et de diversification de l'économie. En vérité, c'est une nouvelle Algérie qu'il va falloir créer, libérée de la rente et orientée résolument vers le travail créateur d'emplois et de richesses. Cette transition démographique se traduira, notamment et inéluctablement, par deux défis majeurs. L'un lié à l'emploi (la tranche d'âge des 20-50 ans représentera 55,8% de la population totale en 2020, soit environ 22 millions de personnes en âge de travailler dont il va falloir satisfaire la demande d'emploi). L'autre lié au financement des retraites (en 2020, les plus de 60 ans constitueront 10% de la population globale). À ces deux défis viendront se greffer les contraintes de l'urbanisme, de l'environnement, de l'occupation du territoire, du logement, ainsi que de la santé publique et du financement de la Sécurité sociale. Dans le contexte d'aujourd'hui, avec une croissance molle, (3%), une faible productivité de l'outil de production et une compétitivité quasi nulle de nos entreprises publiques, une économie mono-exportatrice (98% de nos ressources proviennent de la fiscalité pétrolière), une dépendance accrue de nos besoins en consommation de l'extérieur (50 milliards de dollars consacrés à l'importation des biens et services), les dévaluations successives du dinar algérien par rapport à l'euro et au dollar, la marginalisation de l'initiative privée sont autant de facteurs qui impacteront non seulement le pouvoir d'achat des couches sociales les plus vulnérables de la société, y compris les couches moyennes en voie d'extinction, mais aussi rendent inopérantes toutes les mesures prises en matière d'emploi des jeunes. Face à une telle complexité de la situation économique et sociale, la crainte de "l'effet dominos" provoqué par les protestations des dernières émeutes, qui ont agité les "contrées du Sud", font que les pouvoirs publics s'évertuent à anticiper sur une éventuelle contagion à toute l'Algérie, en jouant au pare-feu à court terme. Comment peut-il en être autrement, alors que le taux de chômage est l'un des indicateurs le plus significatifs du niveau de développement et de croissance économique — condition sine qua non pour la stabilité sociale dans chaque pays. Le seuil alarmant du taux de chômage a atteint une ampleur telle, qu'il a fini par devenir une préoccupation nationale, et constitue de fait, l'une des priorités majeures et l'un des défis déterminants pour l'avenir et la stabilité du pays. Dans de pareilles conditions, les différents dispositifs élaborés et mis en place ont-ils donné pour autant les résultats escomptés et ont-ils atteint les objectifs fixés ? D'autant que les statistiques fournies par les organismes publics sont souvent remises en cause par de nombreux spécialistes de l'emploi. À moyen terme, la nouvelle stratégie se traduira par la création de 400 000 postes de travail rémunérés et une augmentation du taux de recrutement de 12%, actuellement, à 35% à l'horizon 2013. La nouvelle politique de l'emploi des jeunes est basée sur un dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (Diap) qui vise une résorption significative du taux de chômage (le ramener à environ 10%) ; le contrat de travail pour les jeunes assure aux employeurs une contribution de l'Etat aux salaires de jeunes diplômés de façon digressive, pouvant aller jusqu'à cinq ans pour les universitaires (Taux de chômage : 21,5%). Les moins de trente ans et sans diplôme, mais possédant une qualification, peuvent également bénéficier du contrat d'insertion professionnelle pour la formation, assortie d'une indemnité mensuelle versée par l'Etat. Enfin, pour les demandeurs d'emploi sans diplôme et sans qualification, il leur est proposé un contrat de formation insertion auprès des collectivités locales ou des maîtres artisans. L'Etat contribuera aux salaires pendant une année, en plus des avantages fiscaux et parafiscaux accordés aux employeurs. Telles sont les grandes lignes du dispositif d'insertion professionnelle qui ont été développées par le ministre du Travail. Quant aux autres mécanismes d'accompagnement des jeunes dans la création de leur propre emploi par le biais, notamment, de l'Ansej, les difficultés rencontrées par le passé, pour l'octroi de crédits nécessaires au financement de leurs projets par le système bancaire, ne semblent pas aplanies. Disposer d'un crédit relève toujours du "parcours du combattant". Taux élevé de fermeture des microentreprises Il reste que le taux de fermeture de ces microentreprises demeure élevé, compte tenu de l'inexpérience des jeunes entrepreneurs, de l'afflux et de la concentration des projets dans des créneaux d'activités similaires, avec comme corollaire une intense concurrence et une saturation du seuil de rentabilité. Les formules mises en œuvre, aussi louables soient-elles, ne peuvent, à elles seules, constituer une alternative suffisante à la question du chômage des jeunes, d'autant que les conditions d'accès à ces emplois restent dominées par l'opacité et le clientélisme. D'où, l'immense colère des jeunes chômeurs nourrie par un profond sentiment d'injustice sociale. Relancer le secteur industriel créateur de richesses et pourvoyeur d'emplois s'impose comme nécessité impérieuse. A. H. Nom Adresse email